Dans ses nouvelles Perspectives économiques et financières, l’équipe de Jean-Denis Fréchette estime qu’Ottawa devrait afficher un déficit de 22,1 milliards de dollars (G$) à la fin de l’exercice en cours, soit 4 G$ de plus que ce que le gouvernement avait projeté dans son budget de février.
Pour l’exercice 2019-2020, le Directeur parlementaire du budget (DPB) estime que le déficit atteindra 21,4 G$, soit 3,9 G$ de plus que ce qui était escompté (17,5 G$). Selon le DPB, cette différence est attribuable en grande partie aux prévisions plus élevées pour des frais de la dette publique, des charges de programmes directes et des prestations pour enfants.
Dans son budget, il y a deux mois, le gouvernement libéral prévoyait des déficits au moins jusqu’en 2022-2023, sans échéancier précis pour un retour éventuel à l’équilibre budgétaire. Pendant la campagne électorale de 2015, les libéraux avaient promis de ne pas afficher de déficits annuels supérieurs à 10 G$, et d’atteindre l’équilibre budgétaire d’ici 2019.
Or, le DPB ne prévoit pas de retour à l’équilibre budgétaire de sitôt. L’agence indépendante estime à environ 5 % les chances que le budget fédéral soit équilibré ou même excédentaire en 2020-2021; ces chances atteignent à peine 25 % pour 2022-2023.
Le DPB estime que le gouvernement consacrera 19,5 G$ de plus que ce qu’il avait prévu dans son budget au service de la dette entre 2017-2018 et 2022-2023. Cet écart s’explique surtout par le fait qu’il a prévu des taux d’intérêt plus élevés que ceux du ministre des Finances.
Le rapport du DPB renferme toutefois quelques chiffres qui font mieux que les estimations. Ainsi, pour l’exercice de 2017-2018, le DPB prévoit que le déficit sera inférieur de 600 M$ aux prévisions du gouvernement contenues dans le budget de février. Et pour l’exercice 2022-2023, le déficit fédéral serait inférieur de 1,7 G$ aux prévisions du ministre des Finances.
Par ailleurs, la situation budgétaire du gouvernement fédéral devrait aussi souffrir de dépenses plus importantes que prévu _ un milliard sur cinq ans _ au chapitre de la bonification des mesures contenues dans le budget de 2018 pour les travailleurs à faible revenu, notamment l’Allocation canadienne pour les travailleurs. Le ministre des Finances avait estimé que la bonification de ce crédit d’impôt remboursable coûterait environ 831 M$ à Ottawa entre 2018-2019 et 2022-2023; le DPB estime plutôt cette dépense à 1,84 G$.
D’autre part, le DPB prédit que la mise en oeuvre de la redevance sur le carbone du gouvernement fédéral « produira un vent contraire à moyen terme pour l’économie canadienne ».
« Alors que les taux de redevance augmenteront pour passer de 10 $ la tonne d’équivalent CO2 en 2018 à 50 $ la tonne en 2022, nous prévoyons que le PIB réel sera de 0,5 % inférieur en 2022 à ce qu’il devrait être _ on parle d’une somme de 10 G$ ». Cette prévision est basée sur une analyse réalisée par la Commission sur l’écofiscalité.
« La redevance sur le carbone génèrera des recettes considérables à moyen terme, écrit le DPB. Comme l’a fait remarquer la Commission de l’écofiscalité, les répercussions sur l’économie dépendront de la façon dont ces recettes seront utilisées. »
Le DPB prédit par ailleurs qu’Ottawa recueillera environ 70 M$ de moins que prévu en taxes sur la vente de cannabis au cours des cinq prochaines années.