Stephen Poloz a indiqué qu’il entendait les difficultés associées aux coûts d’emprunts élevés de la bouche même des personnes qui les subissent.
« Nous sommes parfaitement conscients que nos décisions affectent tout le monde. Elles affectent le bien-être financier de chacun et de nombreux Canadiens sont très endettés, a admis M. Poloz à la presse mercredi, après avoir maintenu le taux directeur de la banque à 1,75 %. Je n’ai pas à travailler fort pour m’en souvenir. Je reçois quotidiennement des messages de personnes m’expliquant quelle est leur situation. »
Selon la banque, M. Poloz répond personnellement aux courriels et aux lettres du public qui lui sont adressés. L’année dernière, par exemple, environ 200 personnes l’ont contacté directement. Les thèmes les plus communs des messages sont l’état de l’économie canadienne, l’inflation et les taux d’intérêt, a déclaré une porte-parole de la banque. S’ils ne sont pas agressifs et qu’ils incluent des adresses de retour, il leur répond.
La décision de M. Poloz de laisser les taux inchangés cette semaine ne constitue probablement qu’une pause sur le chemin de la hausse des taux de la banque alors que le pays fait face à ce qu’il a décrit comme un recul économique temporaire lié à la forte baisse des prix du pétrole.
La banque centrale continuera à relever les taux une fois que le Canada aura surmonté la crise et que l’économie aura un nouvel élan, a-t-il déclaré. Une économie plus forte a encouragé M. Poloz à relever le taux directeur cinq fois depuis la mi-2017 afin d’éviter que l’inflation ne devienne trop écrasante.
Mais au cours des derniers mois, le nombre de Canadiens en difficulté financière a augmenté. Les faillites ont légèrement grimpé après être demeurées à des niveaux très bas pendant près d’une décennie.
M. Poloz a souligné que la banque avait délibérément été très prudente et très graduelle dans ses hausses, tout en rappelant aux gens que l’ère des taux bas ne durerait pas.
La Banque du Canada a annoncé qu’elle continuerait probablement à augmenter son taux directeur jusqu’à atteindre le niveau dit « neutre » compris entre 2,5 et 3,5 %. Cela signifierait entre trois et sept autres hausses d’un quart de point.
Benjamin Tal, économiste en chef adjoint chez CIBC Marché des capitaux, a déclaré qu’une très modeste augmentation du nombre de faillites avait commencé début 2018.
« Si vous me demandez quelle est la direction pour l’année prochaine, clairement, c’est en hausse, a déclaré M. Tal. Mais la situation ne sera pas terrible. Ce sera simplement un ajustement à des taux d’intérêt plus élevés. »
Après avoir augmenté au cours de la récession de 2008-2009, le nombre d’insolvabilités a reculé et est resté faible pendant près d’une décennie.
Selon M. Tal, une plus grande préoccupation est que des coûts d’emprunt plus élevés pourraient forcer les gens à dépenser plus d’argent pour financer leur dette plutôt que pour la consommation. Une baisse de la consommation peut affecter l’ensemble de l’économie et éventuellement entraîner des pertes d’emplois, a-t-il expliqué.
Le chômage est toujours la première raison des retards de paiement, a-t-il ajouté.