« La réalité, c’est que les choses évoluent davantage main dans la main avec notre profession afin de la faire progresser, et nos membres le perçoivent bien », affirme-t-il.
Un sondage mené auprès des membres de CFA Montréal montre en effet que, bien que 72,62 % des répondants croient que la percée des fintechs mènera « modérément » (52,51 %) ou « beaucoup » (20,11 %) à des pertes d’emploi dans l’industrie de la finance, 48,60 % sont d’avis que leur propre emploi sera peu affecté par la situation.
De fait, seuls 20,67 % des répondants estiment que, professionnellement parlant, ils pourraient être remplacés par les nouvelles technologies d’ici 10 ans.
« Bien qu’un bon nombre de nos membres croient que ces nouvelles technologies et façons de faire n’auront pas un impact sur eux ou leur entreprise, ils doivent rester alertes afin de comprendre comment il est possible d’évoluer dans son travail et son offre de services, et comment générer plus de valeur pour ses clients et ses investisseurs », affirme le président de CFA Montréal.
Selon lui, cette ouverture envers les nouvelles tendances technologiques est nécessaire, d’autant que les développements en cours n’iront vraisemblablement qu’en s’accélérant.
« Beaucoup croient que nous assisterons davantage à une transformation des rôles et des emplois, de même qu’à la création de nouveaux types de postes. Dans ce contexte, il sera important de demeurer attentifs, car la situation risque effectivement d’évoluer et de se traduire par la création d’opportunités pour nos gens. »
Susciter l’évolution
L’idée de consulter les membres de l’association CFA Montréal a émergé il y a plus d’un an, en marge du processus de planification stratégique. « Nous avions déterminé trois grands axes importants pour nous, soit la notoriété du titre de la profession, l’engagement et la diversité », raconte Frederick Chenel.
Dans le cadre de ces réflexions, « nous avons constaté qu’il était important, comme association, d’aider nos membres à évoluer et à être prêts à faire face aux nouvelles technologies susceptibles de venir changer leur travail au quotidien ou leur rôle au sein de leurs organisations respectives », ajoute-t-il.
Ce constat s’est traduit par la création d’un comité fintech, au printemps dernier. Ce comité est chargé principalement des activités de formation destinées à soutenir les membres dans le développement de leurs connaissances sur le sujet. L’idée du sondage en découle également, confirme Frederick Chenel.
Sans avoir au préalable statué sur le niveau de familiarité avec le secteur fintech des membres de l’association CFA Montréal ou de compréhension qu’ils en ont, Frederick Chenel croit que les résultats observés sont « quand même en ligne avec ce à quoi on pouvait s’attendre, dans la mesure où [la technologie financière] n’est pas si bien connue encore ».
Questionnés sur le nombre d’événements fintechs auxquels ils ont assisté au cours de la dernière année, près de 50 % des membres sondés ont répondu aucun et 25 % ont affirmé n’être allés qu’à un seul.
Devant la percée des fintechs, 37,57 % des répondants sont néanmoins d’avis que les mesures prises par leur entreprise afin de relever les défis qu’elles représentent sont insuffisantes, alors que 36,46 % les jugent adéquates.
Intelligence artificielle
De même, les professionnels de la finance estiment qu’ils devront développer de nouvelles compétences, modérément (50,28 %) ou beaucoup (43,02 %). Parmi ces nouvelles compétences, 61,45 % des répondants sont d’avis qu’il leur faudra acquérir une meilleure compréhension de l’intelligence artificielle.
L’intelligence artificielle est d’ailleurs le sujet lié aux technologies financières qui suscite le plus grand intérêt des répondants et rallie 64,65 % d’entre eux, suivi par l’analyse des données (47,51 %) et la chaîne de blocs (46,41 %). À l’autre bout du prisme, la technologie liée à la conformité (regtech) et l’émission d’actifs numériques (initial coin offering) sont les sujets qui intéressent le moins les répondants. Ils ont été cités au dernier rang, ex aequo dans une proportion de 4,97 %.
L’intelligence artificielle est aussi le sujet sur lequel les répondants souhaitent le plus en apprendre davantage (65,75 %), suivi par la chaîne de blocs (55,25 %), l’analyse des données (49,17 %) et l’apprentissage machine (48,07 %).
Au vu des résultats du sondage, Frederick Chenel est d’avis que l’association CFA Montréal va probablement continuer à investir son énergie dans ce domaine, comme elle le fait déjà, en proposant à ses membres des formations et des événements consacrés à la technologie financière afin de les soutenir dans cette évolution.
Une section spécifique sur les fintechs sera d’ailleurs ajoutée au curriculum des examens CFA à partir de 2019.
« Aussi bien nos membres que nous-mêmes, à titre d’association, devons créer et tisser davantage de liens avec la communauté fintech, qui est un peu différente de la nôtre, comme le sont en quelque sorte deux cousins », conclut Frederick Chenel.