Près de la moitié des gestionnaires d’actifs au pays constatent qu’ils doivent mieux exploiter les données pour bien servir leurs clients, révèle un nouveau rapport de KPMG.
Face à la compression des honoraires, à la hausse des coûts, au fardeau de la conformité et à l’évolution démographique des investisseurs, ils se rendent compte du rôle que les mégadonnées et l’analytique avancée peuvent jouer dans le développement de leurs activités.
Près d’un gestionnaire sur deux (48 %) considère aujourd’hui l’analyse de données comme la meilleure façon de comprendre les besoins de leur clientèle, soit 18 % de plus que l’an dernier, peut-on lire dans le rapport intitulé À l’heure des choix, qui présente les résultats d’un sondage annuel sur les risques et les occasions dans la gestion d’actif au Canada.
Un optimisme prudent
La majorité des répondants affichent un optimisme prudent quant à l’avenir. Pour la prochaine année, 83 % d’entre eux s’attendent à des résultats similaires pour le secteur (2 % de moins qu’en 2018) et plus des deux tiers (69 %) sont du même avis au sujet de leur organisation (+ 21 %).
Ils sont toutefois préoccupés par la pression à la baisse sur les frais de gestion. Une majorité (60 %) des gestionnaires d’actifs estiment que c’est là le principal risque auquel est confronté leur secteur, contre 53 % en 2018.
Près des deux tiers (64 %) considèrent la complexité croissante de la réglementation et le coût de la conformité comme leur principal risque organisationnel, comparativement à 43 % l’an dernier. La cybersécurité représente une préoccupation importante pour 48 % des répondants, contre 45 % l’an dernier.
Par ailleurs, la moitié (51 %) hésitent à utiliser les produits de placement alternatifs ou n’ont pas l’intention de le faire.
Un retard à rattraper
Selon les auteurs du rapport, le secteur canadien de la gestion d’actifs a mis du temps à adopter les mégadonnées, alors que d’autres secteurs utilisent déjà cette information réelle et exploitable pour maintenir leur avantage concurrentiel.
Jusqu’à maintenant, les investissements en analyse de données ont principalement visé les gains d’efficacité au chapitre des coûts et des processus des services administratifs. Maintenant que la transformation numérique brouille les frontières entre les services de première ligne et les services administratifs, les entreprises utilisent cet outil pour explorer plus à fond les données sur les clients, collecter de l’information sur les marchés et définir des stratégies d’investissement.
« Introduire l’analyse de données au sein d’une organisation n’est pas une mince affaire, souligne Peter Hayes, associé et directeur national, Placements non traditionnels, chez KPMG. Même les acteurs d’envergure qui font d’importants investissements dans ce domaine agissent avec prudence pour s’assurer de bien faire les choses et d’atteindre les objectifs précis qu’ils se sont fixés. »
Fait à souligner, les cabinets se montrent réticents à utiliser les données à d’autres fins utiles. Les récents cas de piratage et de fuite des données et les nouvelles exigences réglementaires leur font craindre de surutiliser les informations sur les clients, explique le rapport.
« Il s’agit d’une question névralgique qui, à défaut d’être traitée adéquatement, peut exposer l’organisation à de graves risques si le capital investi ne génère pas les rendements attendus, souligne Joseph Micallef, associé, Fiscalité et leader national, Services financiers, chez KPMG. C’est pourquoi nous prévoyons que la mise en œuvre des technologies, tout comme les partenariats et les acquisitions réalisés à cette fin, demeureront au sommet des préoccupations du secteur. »
Une question de compétitivité
Les auteurs constatent aussi que le phénomène des regroupements d’entreprises incite de plus en plus les gestionnaires d’actifs à offrir des opérations, des produits et des services novateurs et à défendre leur créneau.
« Les acteurs du marché sont poussés à se démarquer, affirme James Loewen, associé et directeur national, Gestion d’actifs, chez KPMG. Même si la concurrence des sociétés de technologie financière et d’agents perturbateurs comme les conseillers automatisés est encore relativement faible au Canada, la tendance pourrait évoluer très rapidement; il faut donc se tenir prêt. »
Cette tendance au regroupement change le visage du secteur de la gestion d’actifs « qui est réduit à sa plus simple expression ». Le marché canadien ne compte plus que quelques sociétés indépendantes d’importance. La partie se joue donc entre de très grosses sociétés qui doivent se partager un bassin de clientèle plutôt stationnaire.
« À l’ère des révolutions numériques, de l’engorgement des marchés et du resserrement de la réglementation, la complaisance n’a pas sa place. Confrontés à la difficulté croissante de rivaliser à armes égales, les gestionnaires de fonds de détail n’auront d’autre choix, pour survivre, que d’innover en matière de technologie ou de renouveler leur gamme de produits », conclut James Loewen.