«Les investisseurs vivent actuellement dans un monde fantaisiste quand ils croient à l’avenir que Donald Trump leur prédit.» C’est ainsi que s’exprime David Stockman, ex-directeur du Office of Management and Budget (OMB) sous l’administration républicaine de Ronald Reagan.
À Wall Street, on évalue très mal ce qui se passe à Washington et on ne voit pas que les promesses de réforme fiscale de Donald Trump vont mourir avant même d’arriver, selon lui. «Le président n’est qu’un enfant de 70 ans dans un magasin de bonbons qui veut un peu de tout», ajoute Stockman en entrevue à CNBC.
L’ex-directeur de l’OMB aime bien l’idée d’abaisser les impôts, mais il insiste sur le fait qu’il faudra payer la note soit par une taxe d’ajustement à la frontière, idée rejetée par la majorité actuellement, ou par des compressions de dépenses dont Trump assure déjà qu’il n’en veut pas. «Cela nous conduit à une calamité fiscale qui risque de dominer Washington pendant longtemps», dit-il.
Certes, l’enthousiasme qu’a généré l’élection de Donald Trump peine à se transformer en mesures concrètes, constate Ismaël Chiadmi, vice-président principal, gestionnaire, risque et produits quantitatifs, chez Montrusco Bolton. «Durant les 100 premiers jours de sa présidence, il a fait beaucoup de vent», ironise-t-il.
À son avis, l’insuccès du président à mettre en place sa rhétorique pro-croissance est certainement une cause d’incertitude sur les marchés présentement. «Pour l’instant, il n’y a pas de preuves, ni d’un côté ni de l’autre, qui nous permettent de déterminer s’il va réussir ou non», nuance-t-il. De plus, il n’y a certainement pas de panique sur les marchés si l’on se fit aux indicateurs de volatilité, tel le VIX. «Les marchés ne semblent pas prêts à jeter l’éponge en ce qui concerne les promesses du nouvel occupant de la Maison-Blanche», dit le gestionnaire de Montrusco Bolton.
Heureusement, les bénéfices
Pour l’instant, les indices boursiers profitent de l’amélioration des bénéfices des sociétés. Et c’est pourquoi ils se maintiennent aussi bien, selon Mark Eibel, chef-stratège chez Russell Investments.
L’indice S&P 500 a bondi de 12% depuis l’élection de Donald Trump, les investisseurs pariant sur la mise en place de mesures favorisant la croissance économique et de baisses d’impôts.
D’ici à ce que ces promesses se concrétisent, les marchés s’appuieront sur la croissance des bénéfices. Or, celle-ci devrait se poursuivre, selon le consensus des analystes. Toutefois, la première estimation de la croissance économique qui montre une faible embellie de 0,7% au premier trimestre et un certain relâchement au chapitre des dépenses de consommation aux États-Unis pourraient maintenant devenir des facteurs d’inquiétude pour les investisseurs, selon Eibel.
Quant à eux, les tenants de l’analyse technique se préoccupent peu des succès ou des échecs du président. Ils s’en tiennent à l’analyse du comportement des prix pour déterminer la direction du marché.
Selon Ron Meisels, président de Phases & Cycles, une firme de gestion de portefeuilles spécialisée en analyse technique, les marchés boursiers sont en période d’attente et devrait le demeurer pendant encore un bon moment.
Il y a quelques semaines, M. Meisels prédisait que l’indice S&P 500 allait se négocier entre son sommet de 2400 et le bas de mars à 2322 pendant quelques mois. Maintenant que l’indice s’approche de son sommet, il maintient sa prédiction. Après les gains importants réalisés en 2016 et 2017, une période de pause est nécessaire afin de préparer le prochain mouvement à la hausse auquel il croit toujours, et qui pourrait être vigoureux selon son observation des graphiques, des cycles et des indicateurs techniques.