Dans une note socioéconomique publiée mercredi, qui dit s’appuyer sur une soixantaine de sources, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) précise que Desjardins est devenu un véritable complexe financier dans lequel l’influence des administrateurs bénévoles s’est réduite au plus grand profit de technocrates autonomes dans leurs décisions, ce qui contrevient aux valeurs démocratiques de la coopérative, selon l’organisme.
La chercheure de l’IRIS Julia Posca, qui a rédigé la note socioéconomique, dénonce aussi que le Mouvement Desjardins encourage désormais l’endettement plutôt que l’épargne. Elle précise qu’en 1961, les prêts à la consommation ne représentaient que 8,8 % de l’actif total des caisses populaires Desjardins alors que de nos jours, les prêts hypothécaires et à la consommation représentent en moyenne 50 % de l’actif total du Mouvement.
Quant à la réduction des coûts de fonctionnement, l’auteure signale qu’elle se traduit souvent par la fermeture ou la fusion des caisses qui ont un faible potentiel de croissance. Mme Posca soutient que les premiers à souffrir de ces méthodes de rationalisation sont les milieux ruraux.
Elle a relevé que de 1990 à 2018, le nombre de caisses est passé de 1350 à 238 et que les ristournes ont suivi le même mouvement à la baisse. Pendant ce temps, la rémunération du PDG du Mouvement Desjardins a triplé entre 2002 et l’an dernier, pour atteindre 3 millions de dollars (M$).
Julia Posca écrit qu’il faudra bientôt cesser de prétendre que Desjardins est autre chose qu’une banque.
Au premier trimestre de l’exercice en cours, le Mouvement Desjardins a affiché un excédent avant ristournes de 401 M$, 20 % de moins qu’un an plus tôt, surtout à cause du déficit de 81 M$ de son secteur de l’assurance de dommages. Néanmoins, le revenu total de la coopérative financière s’est chiffré à 5,665 G$, une somme supérieure de 31 % à celle du premier trimestre de l’exercice précédent.
Le secteur des particuliers et des entreprises a enregistré une croissance de près de 22 % de ses excédents par rapport à l’an dernier, pour atteindre 335 M$.
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques se présente comme étant un organisme indépendant et progressiste qui diffuse un contre-discours aux perspectives que défendent les élites économiques.