Le ralentissement de l’économie et les hausses de taux en 2017-2018 semblent avoir des répercussions sur les marchés canadiens du crédit à la consommation. Les retards de paiement sont en hausse par rapport à 2018, révèle le Rapport sur les données du secteur du 4e trimestre 2019 de TransUnion. Au cours du dernier trimestre de 2019, les taux de défaillance pour dettes non hypothécaires ont augmenté à cause, notamment, de la multiplication des retards de paiement des prêts à tempérament.
Le taux global de défaillances importantes chez les consommateurs canadiens a augmenté de 37 points de base pour atteindre 5,61 % et les taux d’insolvabilité ont augmenté de 11,5 % si on les compare à ceux de la même période l’année précédente.
Cette hausse des taux de défaillance se constate dans toutes les provinces du Canada, toutefois certaines sont plus touchées comme la Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador et le Manitoba.
« Nous commençons à constater une pression accrue sur les finances personnelles, en particulier dans certains segments de la population qui sont plus sensibles aux variations des taux d’intérêt. Les hausses de taux observés en 2018 pourraient commencer à comprimer le budget des ménages et à entraîner une augmentation des taux de défaillance et d’insolvabilité, bien que d’autres facteurs macroéconomiques, tels que l’impact des embargos commerciaux, des fermetures d’usines automobiles et des grèves ferroviaires, aient également joué un rôle », déclare le directeur de la recherche et de la consultation en services financiers chez TransUnion Canada, Matt Fabian.
La mesure du défaut de remboursement des prêts non hypothécaires porte notamment sur les cartes de crédit, les marges de crédit, les prêts automobiles et les prêts à tempérament.
Ainsi, ces défauts de paiement ne s’appliquent pas à tous les produits. Une grande partie de l’accroissement a trait aux prêts à tempérament, qui ont vu leurs taux de défaillance augmenter de 45 points de base au quatrième trimestre 2019, par rapport à l’année précédente.
Les prêts automobiles captifs et les marges de crédit ont également enregistré une hausse des défauts de paiement, mais celle-ci est beaucoup plus faible. Elle s’élève ainsi respectivement à 8 points de base et 1 point de base. Les cartes de crédit ont, quant à elles, vu leur taux de défaillance diminuer de 2 points de base au cours du dernier trimestre.
Une hausse des taux d’insolvabilité
Les taux d’insolvabilité ont également grimpé affichant une hausse de 11,5 % par rapport à l’année précédente et de près de 3 % par rapport au troisième trimestre 2019. Cette croissance semble provenir des emprunteurs qui présentent un risque de crédit modéré, mais qui peuvent avoir plus de mal à maintenir le service de la dette face à des facteurs externes négatifs.
Ces segments de population sont ainsi souvent sensibles aux hausses des taux d’intérêt et à l’augmentation du coût de la vie. Cela les force souvent à établir des priorités dans les choix des factures à régler.
Le marché hypothécaire canadien en bonne forme
Parallèlement à ces hausses des taux de défaillance et d’insolvabilité, le marché hypothécaire canadien est en pleine forme.
Au troisième trimestre 2019, les volumes de nouveaux prêts hypothécaires ont augmenté de plus de 17 % par rapport à l’année précédente. La hausse est guidée par l’Ontario où la hausse s’élève à 21 % et la Colombie-Britannique (19 %).
Cette hausse peut s’expliquer en partie par la baisse des taux hypothécaires au premier semestre de l’année, mais également par l’effet de comparaison avec les niveaux modérés de l’année précédente, où le marché s’adaptait aux nouvelles règles en matière de prêts hypothécaires.
Malgré cette augmentation de nouveaux prêts émis, le montant moyen de ceux-ci n’a connu qu’une augmentation marginale, reflétant probablement les changements dans la composition des maisons que les consommateurs canadiens ont achetées. Au niveau national, le solde global des prêts hypothécaires a ainsi augmenté de 3,4 %.
« La hausse de 17 % des volumes de nouveaux dossiers par rapport à la même période l’année précédente suggère que le marché hypothécaire s’est pleinement adapté aux nouvelles règles d’éligibilité. Bien que la croissance du montant moyen des prêts hypothécaires nouvellement émis ait été généralement modérée, l’Ontario a affiché une croissance saine de 4,8 %, ce qui suggère que les prix des maisons dans la région sont à nouveau en hausse », commente Matt Fabian.
Stabilisation de la dette non hypothécaire
Malgré la hausse des taux de défaillance et d’insolvabilité, le niveau général de la dette non hypothécaire a été relativement stable, diminuant seulement de 0,5 % pour atteindre 30 106 $. Cette stabilisation, prise en compte avec l’augmentation des taux de défaut de paiement, signifie que les consommateurs ralentissent leur niveau de nouveaux emprunts tout en s’efforçant de gérer leur dette existante.
« La stabilisation des soldes que nous avons constatée au quatrième trimestre indique que certains emprunteurs peuvent avoir de la difficulté à gérer leur niveau d’endettement actuel et leurs dépenses courantes, et qu’ils hésitent donc à s’endetter à nouveau », commente ainsi Matt Fabian.
Parallèlement à cette stabilisation, on constate un ralentissement des constitutions de nouveaux dossiers dans plusieurs produits comme les encours de cartes de crédit, de prêts automobiles et de marges de crédit qui ont respectivement baissé de -7,6 %, -5,5 % et -1,8 %.
Le seul produit non hypothécaire ayant enregistré une augmentation non négligeable est le prêt à tempérament, qui a vu la constitution de nouveaux dossiers croître de 8,3 %.
« Bien que l’économie canadienne ait ralenti, des indicateurs clés comme l’inflation et le chômage demeurent sains et continuent de soutenir le marché. Toutefois, la persistance d’un contexte économique adverse, combinée à une faible croissance des salaires, à une incertitude économique mondiale accrue et à des hausses de taux d’intérêt, pourrait continuer à poser certains problèmes. Dans ce contexte, il est important que les prêteurs aient une compréhension approfondie des risques encourus par les consommateurs et de leur comportement potentiel en matière de remboursement. Ils peuvent ainsi de servir de modèles analytiques avancés et de données tendancielles pour obtenir les renseignements dont ils ont besoin. Il est clair qu’un certain nombre de tendances intéressantes se dessinent et qu’elles méritent d’être examinées de près dans les mois à venir », conclut Matt Fabian.