Le président américain Donald Trump a signalé, lundi, qu’il pourrait toujours mettre à exécution sa menace d’imposer des tarifs de 25 % sur les importations canadiennes et qu’il pense le faire dès février, ce à quoi Ottawa répond que son plan reste le même et qu’il « n’y a rien de nouveau ».
« C’est exactement ce qu’il avait dit il y a déjà plusieurs semaines », a plaidé, en soirée, le ministre fédéral des Finances, Dominic LeBlanc, qui préside le comité du cabinet sur les relations canado-américaines.
Il a fait valoir que le gouvernement était déjà « prêt à toute éventualité » et continue de l’être, notant au passage le caractère imprévisible de Donald Trump. Accompagné de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, pour faire une déclaration devant les médias sans répondre à aucune de leurs questions, il a évoqué le plan de riposte sur lequel travaille l’équipe du premier ministre sortant, Justin Trudeau.
Or, Dominic LeBlanc a voulu se montrer toujours optimiste, quoique prudent, que Washington change d’avis.
« Nous croyons que l’industrie américaine, que les représentants (et) les gouverneurs vont comprendre que ça va augmenter le coût de la vie aux États-Unis, ça va rendre les chaînes d’approvisionnement plus compliquées, a-t-il dit. Ce sont les arguments que nous allons continuer de faire. »
En après-midi, les ministres tout juste arrivés à Montebello, en Outaouais, semblaient pousser quelques soupirs de soulagement, tout en restant sur leurs gardes. Des médias américains rapportaient, dès le matin, qu’aucune entrée en vigueur de tarifs n’était prévue au jour un de l’assermentation de Donald Trump.
« Sursis, c’est un gros mot », avait répondu le ministre des Finances, en mêlée de presse, dans la foulée d’une retraite du conseil des ministres, à un journaliste qui suggérait que Washington accordait une période de grâce à Ottawa.
En début de soirée, Donald Trump indiquait dans le Bureau ovale qu’il comptait aller de l’avant avec la surtaxe et qu’il avait en tête une entrée en vigueur en date du 1er février.
Certains joueurs du gouvernement canadien — le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne, et celle du Commerce international, Mary Ng — étaient, le jour même, à Washington.
« Pour le moment, les plans de l’administration ne sont pas tout à fait connus », avait dit Dominic LeBlanc.
Ainsi, le « plan » d’Ottawa « est le même », avait renchéri la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
« On doit prévenir les tarifs. On a fait le travail, justement, pour prévenir les tarifs avec une série d’interlocuteurs. On va continuer à le faire », avait-elle dit.
Son message était pratiquement le même, en soirée. « Le plan est en trois étapes : première étape, prévenir les tarifs ; deuxième étape, préparer notre réponse — c’est pour ça qu’on est ici, avec les collègues, à préparer notre réponse avec le premier ministre — ; et troisième étape, préparer la réponse à long terme pour le pays. »
Depuis des semaines, les représentants du gouvernement canadien martèlent sur toutes les tribunes que des tarifs douaniers américains sur les produits canadiens auraient des impacts négatifs des deux côtés de la frontière.
Donald Trump, durant son discours d’assermentation, n’a pas mentionné le Canada. Peu de temps avant, le « New York Times » et le « Wall Street Journal » faisaient savoir que, dans l’immédiat, le président n’imposerait pas de tarifs douaniers et signerait plutôt lundi un décret pour une enquête sur de prétendues pratiques commerciales et monétaires déloyales du Canada, du Mexique et de la Chine.
« S’ils décident d’étudier la relation économique avec le Canada, ben tant mieux. Nous pensons que nous avons une histoire positive à raconter », s’est réjoui le ministre LeBlanc.
Le Canada maintient qu’il est prêt à répondre par des contre-mesures si Donald Trump met ses menaces à exécution. Ottawa injecte également 1,3 milliard de dollars (G$) de nouvelles ressources pour la sécurité aux frontières, dans l’espoir de convaincre Donald Trump de ne pas imposer de tarifs. Sur ce front, le ministre de la Sécurité publique, David McGuinty, a affirmé que le niveau de collaboration entre autorités canadiennes et américaines est très fort.
Quant au plan de riposte envisagé par le Canada, deux sources gouvernementales qui n’étaient pas autorisées à parler publiquement de ces questions ont indiqué à La Presse Canadienne que si Donald Trump fixait les tarifs à 25 %, la première salve du Canada serait des contre-tarifs d’une valeur d’environ 37 G$. Une possible deuxième vague de tarifs douaniers d’une valeur supplémentaire de 110 G$ serait aussi sur la table.
Le scénario envisagé inclut des milliards de dollars ciblant des secteurs clés de l’économie américaine comme les produits de la céramique, du plastique et de l’acier.
Le premier ministre Justin Trudeau doit tenir un point de presse mardi, au deuxième et dernier jour de la retraite de son conseil des ministres. Ce dernier a déclaré à maintes reprises que tout devait être sur la table, y compris l’énergie.
Le premier ministre du Québec, François Legault, a réagi dans la foulée de l’annonce du président américain.
Il a déclaré sur son compte Facebook que la priorité « demeure d’éviter ces tarifs ».
« Le Québec collabore avec le fédéral sur la mise en place d’un plan de représailles costaud, a déclaré François Legault. Nous serons également présents pour soutenir nos entreprises. Je continuerai de protéger les intérêts du Québec. »