L’idée d’imposer les plus riches pour combler les déficits de l’État dû à la pandémie fait rêver plus d’un politicien. D’autant plus que récemment, les plus riches de ce monde ont envoyé une lettre ouverte pour proposer d’adopter une telle mesure.
« Alors que la COVID-19 frappe le monde, les millionnaires comme nous avons un rôle essentiel à jouer pour guérir le monde. […]Nous ne sommes pas ceux qui regarnissent les rayons des épiceries ou qui délivrent de la nourriture de porte-à-porte, mais nous avons de l’argent, beaucoup. On a absolument besoin d’argent maintenant et on continuera à en avoir besoin dans les années à venir », affirmait cette lettre écrite par un groupe de riches qui se font appeler Millionaires for Humanity.
Toutefois, une récente publication de l’Institut économique de Montréal (IEDM), Les taxes sur la richesse nuisent aux gens ordinaires, évoque plutôt l’inefficacité d’une telle taxe. Selon l’analyse de ce groupe de réflexion, ce sont les citoyens moins fortunés qui se retrouvent au final, avec un tel système, à payer la note.
« La crise économique actuelle pousse certains à réclamer de nouveau l’implantation d’un impôt sur la richesse au Canada. On doit d’ailleurs noter que des partis politiques comme le NPD ou le Parti vert du Canada ont déjà fait la promotion de cette mesure, fait valoir Gaël Campan, économiste senior à l’IEDM et auteur de la publication. Or, il s’agit d’une vieille idée qui a été discréditée chaque fois qu’elle a été appliquée à l’étranger. »
« Les politiciens surestiment constamment les montants qu’ils pourront aller chercher avec ces taxes. En réalité, les ménages fortunés trouvent des façons de se prémunir de la taxe, ce qui va parfois jusqu’au déménagement pur et simple », ajoute-t-il en soulignant qu’un tel impôt a déjà été implanté en France et a mené à un « exode d’en moyenne 510 ménages par année pendant 33 ans ». Cet exode a eu pour effet de priver le pays de plusieurs centaines de milliards d’euros.
Et, une fois que les plus riches ont réussi à se prémunir contre l’impôt, ce sont aux contribuables les moins fortunés de payer la note. « Et c’est sans compter que dans un pays comme le Canada, où il y a une mobilité sociale importante, des gens qui sont aujourd’hui parmi les moins fortunés pourraient très bien, à terme, être affectés par un impôt sur la richesse », ajoute l’économiste.
« Ce n’est pas pour rien que les pays qui l’adoptent finissent par abandonner l’impôt sur la richesse », conclut-il. Et en effet, sur les 12 pays européens qui imposaient les riches en 1990, huit d’entre eux ont abandonné cette politique en 2017, signale l’IEDM.