Alors que la Banque du Canada se prépare à annoncer sa prochaine décision sur les taux d’intérêt mercredi, les économistes seront à l’affût d’indices sur le moment où elle prévoit commencer à réduire les taux d’intérêt.
Globalement, la journée de mercredi ne devrait pas apporter de grosses surprises. On s’attend généralement à ce que la banque centrale continue de maintenir son taux d’intérêt directeur à 5 %, comme elle l’a fait lors de ses trois dernières annonces de taux d’intérêt.
Mais alors que l’économie continue de ralentir et que les prévisionnistes anticipent une baisse constante de l’inflation, les économistes surveillent avec impatience les signes de la Banque du Canada indiquant qu’elle est prête à changer de cap.
« Ce que je recherche, c’est ce que j’appellerais la prochaine étape, a déclaré Dominique Lapointe, stratège macroéconomique mondiale chez Manuvie. Par la prochaine étape, j’entends reconnaître que les hausses de taux sont terminées. »
Jusqu’à présent, la Banque du Canada n’a pas exclu la possibilité d’augmenter à nouveau les taux d’intérêt si l’inflation ne coopère pas. Toutefois, les prévisionnistes ne croient pas qu’une nouvelle hausse des taux soit réellement envisageable.
Nathan Janzen, économiste en chef adjoint de la Banque Royale du Canada (RBC), affirme que même si la banque centrale pourrait encore garder la porte ouverte à de nouvelles hausses de taux mercredi, il est « peu probable qu’elle doive exercer cette option ».
La Banque du Canada devrait réduire ses taux d’intérêt dès ce printemps afin d’éviter un ralentissement économique plus marqué que ce qui est nécessaire pour lutter contre l’inflation.
Au cours de la dernière année, l’économie canadienne a stagné alors que les coûts d’emprunt ont pesé sur les entreprises et les consommateurs. Cette croissance plus faible s’est traduite par un marché du travail moins dynamique, avec moins de postes vacants et un taux de chômage plus élevé, à 5,8 %.
L’enquête sur les perspectives des entreprises récemment publiée par la Banque du Canada révèle que la pénurie de main-d’œuvre n’est plus une préoccupation majeure et que les entreprises s’inquiètent plutôt du ralentissement des ventes.
Son enquête sur les attentes des consommateurs indique que les Canadiens réduisent également leurs dépenses, car les taux d’intérêt plus élevés obligent les détenteurs de prêts hypothécaires à réduire leurs dépenses afin de pouvoir payer des mensualités plus élevées.
Ce recul des dépenses de consommation devrait freiner encore davantage l’économie cette année.
Les perspectives économiques de Manuvie pour 2024 suggèrent que l’économie connaîtra un ralentissement au premier semestre avant de reprendre sa croissance.
« Ce sera une année faible, que nous soyons ou non confrontés à une récession technique, a indiqué M. Lapointe. La question sera de savoir combien de temps durera ce ralentissement ? Et pourrons-nous obtenir une reprise durable au second semestre de cette année ? »
Il a ajouté que le rebond attendu au second semestre dépend de la baisse des taux d’intérêt.
La Banque du Canada ne devrait cependant pas encore commencer à discuter de réductions de taux, d’autant plus que l’inflation a augmenté le mois dernier.
Le taux d’inflation annuel du Canada a grimpé à 3,4 % en décembre, alors que les pressions sous-jacentes sur les prix ne se sont pas atténuées. Selon M. Lapointe, le fait que les mesures de base de l’inflation – qui excluent la volatilité des prix – aient augmenté le mois dernier pose un problème de communication à la banque centrale.
« Je pense que c’est un problème pour la Banque du Canada — c’est aussi un problème pour les consommateurs — dans le sens où cela suggère que les pressions sur les prix sur le front des produits de base sont plus persistantes que nous le pensions. Et cela complique probablement leur message la semaine prochaine », a-t-il déclaré.
La Banque du Canada a déjà reconnu que le retour à une inflation de 2 % comporterait quelques obstacles en cours de route. Le gouverneur Tiff Macklem a déclaré que la banque centrale ne réagirait pas à chaque contretemps, mais qu’elle réagirait plutôt aux tendances constantes.
« Nous pensons toujours que la trajectoire la plus probable de l’inflation est une trajectoire plus basse. L’économie semble plus molle, les données mensuelles sur l’inflation vont rebondir, mais la tendance générale est à la baisse », a détaillé Nathan Janzen.
En plus de son annonce sur les taux d’intérêt, la Banque du Canada publiera mercredi son rapport trimestriel sur la politique monétaire. Le rapport comprendra de nouvelles prévisions concernant l’économie et l’inflation.
En octobre, la Banque du Canada prévoyait que l’inflation retomberait à 2 % en 2025.