Les réponses des auteurs ne sont pas tranchées au couteau.
Ainsi, disent-ils, la concentration très élevée de la propriété des fonds d’investissement pourrait nuire à cette stabilité dans l’éventualité de « problèmes opérationnels » chez les BlackRock de ce monde.
Les auteurs relèvent qu’en mars 2018, Vanguard captait 23 % de parts de marché en fonds communs de placement (FCP) et fonds négociés en Bourse (FNB) aux États-Unis; suivi de 9 % pour Fidelity; 8 % pour BlackRock; 3 % pour State Street et 1 % pour Charles Schwab. En 1999, les parts de marchés respectives de Vanguard, BlackRock, State Street, Fidelity et Charles Schwab étaient respectivement de 11 %, 0 %, 0 %, 14 % et 0 %.
Ici, le risque envisagé relève de la malchance. L’étude donne l’exemple fictif d’une intrusion par pirates informatiques dans les serveurs d’une de ces grandes firmes, ce qui pourrait causer la panique de leurs nombreux clients.
Par ailleurs, ajoutent les auteurs de l’étude, certaines stratégies d’investissement peuvent accroître la volatilité des marchés. L’étude identifie notamment les stratégies à effets de levier.
En revanche, les acheteurs de FCP passivement gérés seraient moins réactifs face aux performances négatives de leurs fonds en portefeuilles. En conséquence, cela diminuerait le risque de rachats en cas d’épisodes de stress financier. Dans des circonstances similaires, les acheteurs de FNB tendraient à modifier la composition de leurs portefeuilles, et non pas à quitter le marché.
Intitulée The Shift from Active to Passive Investing: Potential Risks to Financial Stability?, l’étude donne des chiffres très spectaculaires sur la croissance des stratégies d’investissements passives chez les FCP et FNB des États-Unis.
En 1995, ces stratégies passives représentaient moins de 3 % de l’actif sous gestion. En 2005, leur part passait à 14 %. Fin 2017, elle explosait à 37 %.
De façon spécifique, à la fin de 2017, les fonds passivement gérés représentaient 45 % de l’actif sous gestion en fonds d’actions et 26 % de l’actif sous gestion en fonds obligataires.
L’étude ajoute qu’à la fin 2017, près de 14 % du marché des actions américaines était détenu par des FCP et FNB passivement gérés, comparativement à moins de 4 % en 2005.