La Loi sur la réduction de la dette qui a institué le Fonds des générations en 2006 avait comme objectif de faire en sorte que la dette brute n’excède pas 45 % du PIB pour l’année financière 2025-2026. On constate dans le graphique que ce ratio a été atteint lors des photos prises en automne 2019 et mars 2020. Les images des documents publiés suivant la COVID-19, en automne 2020 et mars 2021, ne permettent plus d’entrevoir l’atteinte de l’objectif visé, notamment en raison du recul du PIB réel de 5,5 % en 2020. Quand le dénominateur d’un ratio chute, soit la chute du PIB, le ratio en question grimpe de façon marquée, comme on le voit par le « pic » visible dans le graphique.
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Toutefois, selon le document budgétaire, le PIB réel a progressé de 6,3 % en 2021 ce qui a eu un impact direct sur le ratio. La ligne noire du budget de mars 2022 indique que le ratio atteindra 41,9 % au 31 mars 2026, soit sous le 45 % visé.
Tout va-t-il alors pour le mieux ? Pas encore, car une seconde cible se trouve dans la même Loi, soit de faire en sorte que la dette représentant les déficits cumulés se retrouve sous 17 % du PIB en 2025-2026.
Il est prévu que ce ratio soit de 19,2 % du PIB au 31 mars 2026. Le gouvernement proposera des changements à la Loi dans le budget 2023-2024 afin d’établir un nouvel objectif de réduction de la dette couvrant les 10 ou 15 prochaines années. Néanmoins, ce ratio était de 32,9 % en 2016, il a chuté jusqu’à 23,4 % en 2020, puis a remonté à 24,2 % en 2021. La lecture de 2022 est déjà à la baisse à 22,5 %. Pour mettre les choses en perspectives, dans le budget de mars 2020, juste avant les impacts majeurs reliés à la COVID-19, on s’attendait atteindre 17 % en 2023 et 13,4 % en 2026.
La dette brute tient compte des sommes accumulées au Fonds des générations, sur la base de valeur comptable. Au 31 décembre 2021, la juste valeur du Fonds des générations s’élevait à 16,0 G$, soit 1,3G$ de plus que sa valeur comptable. Bonne nouvelle de ce côté, car le rendement de ce fonds, en 2021 a été de 11,4 %, pour une moyenne de 6,3 % de 2007 à 2021. Pour la même période, le coût moyen des nouveaux emprunts a été de 3,1 % pour un gain de 3,2 %.
On constate que le coût des nouveaux emprunts était de 1,5 % en 2020 et 1,9 % en 2021, mesure correspondant au taux de rendement des obligations du Québec à échéance de 10 ans. On devine que ce taux pour 2022 devrait continuer à grimper. Aucune mention n’a été faite dans ce budget à l’effet de déplacer des fonds qui seraient appliqués sur la dette. Les revenus de placement attendu sur le fonds pour les projections ont été fixés à 4,8 %.
Que nous réservent les rendements pour l’année 2022 ? Pas facile à prédire, on demeure dans un portefeuille comportant des risques comme lors de l’année 2008, qui nous le rappelle avec une chute de 22,4 % lors du deuxième exercice financier du Fonds des générations.
Daniel Laverdière est directeur principal, Centre d’expertise, Banque Nationale, Gestion privée 1859.