« En ce moment, la Thaïlande connaît une belle performance, les Philippines et l’Indonésie aussi. Avec la Malaisie, ce sont les quatre grands joueurs qui, actuellement, attirent beaucoup de capitaux et d’entreprises, explique Jean-Benoit Leblanc, gestionnaire de portefeuille, Marchés émergents, Hexavest.
Cela fait deux ans que la firme Hexavest a lancé le portefeuille Actions des Marchés Émergents pour les investisseurs institutionnels canadiens. L’équipe a été créée à cette occasion.
« À moyen et long terme, ça va être un très beau produit où il reste encore beaucoup à développer », assure le gestionnaire de portefeuille.
Contrairement aux « pays développés », les pays émergents ont beaucoup moins dedettes, de déficits, des taux d’intérêt un peu plus élevés. Le niveau du crédit, de la consommation n’est pas encore à son apogée. Les populations y sont jeunes et très importantes, notamment en Indonésie avec plus de 240 millions d’habitants.
L’Indonésie a connu des rendements assez incroyables depuis 2009. « Si on regarde depuis un an, l’Indonésie est en hausse de 17 % sur les marchés boursiers, alors que les pays émergents sont à 7,5 % (15 février 2013). Sur deux ans, on parle d’une hausse de près de 40 % sur les marchés boursiers, alors que les marchés émergents sont autour de 6 % », analyse le gestionnaire de portefeuille d’Hexavest.
Approche « contrarian »
L’indice qui est en général pris comme référence est le MSCI Emerging Markets Index. Il est constitué des 21 indices de pays des marchés émergents suivants : Brésil, Chili, Chine, Colombie, République tchèque, Égypte, Hongrie, Inde, Indonésie, Corée, Malaisie, Maroc, Mexique, Pérou, Philippines, Pologne, Russie, Afrique du Sud, Taiwan, Thaïlande et Turquie.
En terme de représentation de marchés à l’intérieur du MSCI, la portion indonésienne est représentée à 33 % par des financières, suivies de la consommation discrétionnaire avec 16 %, consommation de base 13 %, puis les matières premières avec 8 % du marché. La portion des matières premières a augmenté de 23 % sur un an et de 45 % sur deux ans, selon le gestionnaire.
Même si l’Indonésie est un pays intéressant, Jean-Benoit Leblanc estime tout de même que le pays est dispendieux. « Je regarde les multiples d’évaluation, le ratio cours-bénéfices, la valeur comptable, le flux monétaire, mais aussi ses concurrents asiatiques… En Indonésie, on négocie à 13 voire 14 fois les profits, alors que pour l’Asie on est à 10 fois les profits. Ce sont donc quelques points plus élevés. Il a un reflet de l’amélioration de la situation dans le pays. C’est ce qui nous fait dire que ce n’est plus une aubaine pour nous. »
L’Indonésie est donc assez connue des investisseurs. Même si le pays connaît une bonne dynamique, il reste des dangers à ne pas perdre de vue, notamment le risque inflationniste.
Il faut s’assurer qu’il n’y ait pas d’emballement et d’inflation. Il y a beaucoup de crédit, d’emprunts depuis plusieurs années. Le pays est pratiquement au plein emploi, les salaires augmentent. L’économie est forte, car le gouvernement a également mis en place des subventions, entre autres, au niveau de l’énergie. Il faut donc éviter la surchauffe.
Consommation et services
« L’Indonésie est toujours un pays attrayant pour l’investisseur, mais le ratio cours-bénéfice augmente. Il devient, certes, moins intéressant », estime également Serge Pépin, vice-président, Stratégie de placement, BMO Gestion mondiale d’actif.
Actuellement, la Thaïlande représente 7 % du portefeuille et les Philippines 5,6 % (28 février 2013) dans le fonds BMO fonds des marchés en développement, tandis que l’Indonésie ne pèse que 1,8 %. Le fonds, créé en 1994, a aujourd’hui un actif net de 118,5 M$ (28 février 2013) et a un rendement de 4,96 % depuis le début de l’année.
Serge Pépin a une approche ascendante. Les Philippines se démarquent et intéressent de plus en plus le vice-président. C’est un pays de plus en plus développé, sa pondération devient donc plus importante.
« La Malaisie est également intéressante pour les financières et la consommation. La Thaïlande devient très importante en terme de télécommunication et banques. La Corée du Sud pèse lourd avec Samsung par exemple et je pense qu’elle va sortir des pays émergents », analyse Serge Pépin.
L’Asie émergente est de plus en plus importante et BMO, comme d’autres firmes, essaie de participer à cette croissance. « Le thème que nous suivons est celui de la consommation de base, la consommation discrétionnaire et les services. »
Le vice-président Stratégie de placement, BMO Gestion mondiale d’actif, estime que la consommation sud-asiatique devrait rester dans une dynamique importante pour les dix prochaines années. Autre signe, l’économie devient de plus en plus importatrice.
« Nous avons toujours une approche à long terme dans les portefeuilles et nous devrions poursuivre dans le même sens au cours des trois prochaines années. L’Asie du Sud est surpondérée dans les portefeuilles aujourd’hui. En parallèle, nous avons sous-pondéré l’Europe de l’Est, car les pays qui en font partie dépendent trop de la zone euro », précise Serge Pépin.
Source: Perspective Monde, Université de Sherbrooke (École de politique appliquée)