« 2017, c’est une année charnière. C’est presque 26 G$ de rentrée d’argent dans le secteur des FNB, soit 56 % de plus que 2016 qui était la meilleure année de l’histoire des FNB », explique Alain Desbiens, Directeur général, Ventes régionales, FNB BMO, Est du Canada.
Bien qu’il souligne que la part des FNB est encore très réduite quand on regarde la valeur totale du marché canadien institutionnel et personnel, puisque la part des FNB ne représente que 2,5 % de l’actif des Canadiens, ce qui est intéressant c’est sa croissance exceptionnelle.
Avec 147 G$ d’actifs, 648 FNB et 28 manufacturiers, les FNB ont connu une croissance de 29 % rien qu’en 2017, donc une croissance encore plus grande que la croissance déjà impressionnante des dix dernières années qui était de 23 %.
Le nombre de nouveaux joueurs a explosé ces deux dernières années. Entre 2016 et 2017, 17 nouveaux joueurs se sont imposés sur le marché. « Il y a une panoplie de nouveaux joueurs dans le marché, dont un type nouveau avec des firmes un peu plus petites. Ce sont vraiment des boutiques d’investissement qui ont décidé de lancer certaines de leurs stratégies du côté du secteur des FNB, donc beaucoup de noms un peu moins connus », constate Alain Desbiens.
Il souligne cependant que la majeure partie des ventes reste concentrée dans les plus grands joueurs. Selon les chiffres de la BMO, en termes de ventes nettes, environ 80 % des actifs et des ventes nettes sont générés par les cinq plus grands joueurs du marché, à savoir, iShares, BMO, Vanguard, Horizons et RBC. Si on regarde au niveau des 26 G$ de rentrée d’argent dans le secteur des FNB, 20 G$ ont été fait par ces cinq joueurs.
Les principales tendances du secteur des FNB
Le rapport annuel de BMO Gestion Mondiale d’actifs s’attarde sur quelques tendances qui devraient se préciser dans les prochaines années.
La demande pour les placements à revenu fixe a crû en 2017 et BMO estime que ce type de placements restera une priorité parmi les investisseurs en 2018. S’il s’attend à ce que les investisseurs demandent des obligations avec des durations un peu plus courtes en 2018 pour pallier la hausse des taux d’intérêt, Alain Desbiens affirme que les FNB qui ont le mieux performé cette année resteront des outils de référence pour les gestionnaires.
« Les gens aiment la liquidité, la transparence, la diversification, c’est difficile avec peu d’argent de diversifier, d’acheter plusieurs obligations tandis que du côté des FNB, en achetant un FNB on peut avoir un point de vue sur la duration, la qualité de crédit et on peut avoir un portefeuille très diversifié », explique Alain Desbiens.
Selon BMO, les devises canadienne et américaine devraient demeurer volatiles en 2018. L’avantage des FNB c’est de permettre d’avoir un point de vue pas simplement sur le marché, mais aussi sur la devise. Certains FNB permettent d’investir dans un certain pays, mais d’être couvert dans les devises d’un autre. BMO pense qu’en 2018, les investisseurs seront attirés par cette particularité.
Une autre tendance devrait s’affirmer encore plus l’année qui vient : les investissements dans des FNB thématiques comme ceux qui couvrent l’investissement dans l’intelligence artificielle ou dans les titres qui respectent les exigences en matière éthique, sociale et de gouvernance (ESG).
Le rapport de BMO souligne également que les FNB indicielles sont celles qui ont le mieux performé cette année. Parmi les dix FNB les plus achetées en 2017 au Canada, la grande majorité des FNB sont des répliques d’indice. En fait, il n’y en a qu’une qui ne soit pas une réplique indicielle, mais un amalgame de bêta judicieux et de gestion active, la BMO Europe High Dividend Covered Call CAD-H.
BMO pense que dans les prochaines années, il va y avoir une rotation chez certains gestionnaires de portefeuille et un désir d’avoir accès à des stratégies factorielles ou multifactorielles. Pour cette raison, Alain Desbiens estime que le plus grand défi pour tous les joueurs du marché des FNB sera de vulgariser l’offre qui sort en matière de bêta judicieux et de gestion active.
« Le marché connait bien les FNB de type indiciel, mais moins les autres types de FNB. Ça va être important de bien expliquer, de bien vulgariser, de développer des outils de vulgarisation pour expliquer les méthodologies et aussi comment ces FNB s’imbriquent dans la construction de portefeuille », déclare-t-il.
Le rapport de BMO conclut que d’ici cinq ans, le marché canadien des FNB devrait se rendre à 400 G$ d’actifs soit presque le triple de ce qu’il est en ce moment.
« Cela semble énorme, mais quand on regarde la valeur totale du marché canadien institutionnel et personnel, ça serait simplement un niveau de 3-4% du marché canadien. Ça serait encore un positionnement qui serait une bonne croissance, mais ce marché serait encore sous représenté par rapport au potentiel qu’il y a au Canada. C’est tout à fait faisable », affirme Alain Desbiens.