« Pour l’instant, le marché reçoit bien ces émissions, plus élevées qu’à l’habitude, mais ça ne veut pas dire que la demande sera toujours au rendez-vous », prévient Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins.
Cette hausse de cadence est notamment due aux incertitudes liées au vote du Brexit, aux politiques monétaires accommodantes, mais aussi à la détérioration du solde budgétaire du gouvernement fédéral, qui est passé de 2 G$ en 2015, à 30 G$ cette année.
« Cela créé beaucoup de besoins en financement, explique-t-il. Les autorités [politiques] doivent augmenter le rythme d’émission des types de dettes. »
Et cette tendance est largement soutenue par les investisseurs étrangers, dont les acquisitions nettes d’obligations fédérales canadiennes ont été positives dans quatre des cinq premiers mois de 2016, selon Statistique Canada.
Pendant ce temps, le quart de la dette d’État mondiale enregistre des taux négatifs.
« Cette situation n’est pas durable, estime l’auteur du rapport. Pour tenir leurs promesses envers les investisseurs, les grands fonds de pension, par exemple, doivent changer de classe d’actifs, ou investir dans les infrastructures. »
D’après lui, il faudra s’attendre à des réactions sur les taux d’intérêt si l’offre venait à dépasser de beaucoup la demande, surtout considérant les baisses de liquidités sur les marchés.
« Si un mouvement haussier des taux d’intérêt survenait brusquement dans le monde, il se pourrait que les taux montent plus rapidement au Canada que dans certains pays », pense l’économiste.
Une situation qui pourrait pousser les institutions obligataires à reculer légèrement. « Le gouvernement canadien emprunte actuellement à des taux extrêmement faibles, mais il est possible que cela augmente un peu, conclut Jimmy Jean. Cela pourrait donc créer une situation de légère vulnérabilité. »