Avant de répondre à notre question, M. Taylor s’avance légèrement et cogne sur la table pour signifier qu’il touche du bois. «Un investisseur peut tenir pour presque certain qu’il devra composer avec un environnement défavorable en ce qui a trait aux obligations, répond-t-il. Il sera vraiment difficile d’obtenir un rendement supérieur à l’inflation. Ça ne prend pas grand-chose pour faire mieux que ça (en achetant des actions).»
La multiplication des mises en garde évoquant une chute des actions, allant de la «saine correction» à la catastrophe n’alarme pas M. Taylor. À la mi-année, le S&P 500 a enregistré un sixième trimestre consécutif de progression. C’est la plus longue montée ininterrompue depuis 1998, de quoi donner le vertige aux plus pessimistes. Lisez notre texte La Bourse est surévaluée ou déjà dans une bulle, jugent une majorité de financiers
«Il faut faire une distinction entre une correction et une chute significative, nuance-t-il. Les fortes baisses sont provoquées par les récessions, et il n’y a rien à l’horizon qui nous laisse croire qu’il y en aura une.»
La correction n’est cependant pas exclue, selon lui. «Est-il possible d’assister à un recul de 5% à 15% à court ou moyen terme, la réponse est oui. Mais, ce scénario ne nous inquiète pas.»
Un cycle d’expansion
Cela dit, Paul Taylor croit que les marchés canadiens et américains sont bien évalués. Le S&P 500 à New York et le S&P/TSX à Toronto se négocient respectivement à 16,55 et 16,50 fois les prévisions de bénéfices de 2014.
Les multiples devraient rester stables, prévoit le portefeuilliste. La croissance des bénéfices permettra toutefois d’aller chercher d’autres gains, selon lui. Il anticipe une progression des profits d’entre 5% et 7% pour les deux parquets. «Prenons le S&P/TSX. Avec une augmentation de 5% des bénéfices et un dividende de 2,4%, on obtiendrait un rendement de 7,4%.»
Le stratège continue donc d’accorder plus d’importance aux actions («surpondérer», dans le jargon), par rapport à ses cibles. Dans son portefeuille cible, sa pondération d’actions varie à l’intérieur d’une fourchette de 40% à 60%. Dernièrement, il a abaissé sa pondération de 58,9% à 54,4%. Autrement dit, cela traduit un optimisme moindre, mais toujours un optimisme par rapport à une position neutre de 50%.
La grande tendance qui permettra aux sociétés d’accroître leurs bénéfices est la vigueur de l’économie américaine, croit M. Taylor. Il estime que l’économie peut croître de 2,5% au cours des 12 prochains mois, contre 1,9% en 2013. Le dynamisme du marché de l’emploi et l’amélioration de la situation fiscale aux États-Unis sont deux éléments qui permettront à nos voisins du sud de prospérer.