Continuer à épauler les entreprises et travailleurs qui souffrent en raison de la pandémie de COVID-19 en plus de leur offrir un bouquet de mesures pour accélérer la relance: le gouvernement Trudeau a décidé de jouer sur plusieurs tableaux en dévoilant son premier budget en plus de deux ans.
Le document dévoilé lundi prévoit ainsi 27 milliards de dollars (G$) pour l’exercice en cours afin de prolonger une série de mesures, comme la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) jusqu’au 25 septembre, en plus d’offrir des semaines supplémentaires de prestations de la relance économique et de prestations régulières d’assurance-emploi.
En décidant d’étirer l’aide pandémique de la sorte, Ottawa consacre ainsi environ 30 % de son plan de relance de 101,4 G$ échelonné sur trois ans.
« Les petites entreprises sont le coeur de notre économie et elles ont été les plus durement touchées par les confinements, a souligné la ministre des Finances, Chrystia Freeland, dans son discours. Afin de réparer les blessures causées par la COVID, il faut un plan de sauvetage. »
Dans le cas de la subvention salariale, qui devait en principe venir à échéance en juin, le budget propose une réduction progressive des taux à compter du 4 juillet afin « d’assurer l’élimination progressive du programme », qui pourrait néanmoins être prolongé jusqu’au 20 novembre au besoin.
À elle seule, la mesure devrait coûter 10,1 G$ cette année.
Dans le cadre de leurs recommandations en vue du budget fédéral, plusieurs associations du milieu des affaires souhaitaient une reconduction des programmes tels que la subvention salariale ainsi que l’aide pour le loyer.
Et pour inciter les petites et moyennes entreprises, qualifiées de « colonne vertébrale de l’économie » par un haut fonctionnaire lors d’une séance de breffage technique, à embaucher davantage dans le cadre de la phase de relance, Ottawa propose un programme offert entre juin et novembre dont la facture est de 595 M$ cette année. Un employé admissible pourrait obtenir un maximum de 1129 $ par semaine pour la période visée par la mesure.
En matière de mesures pour alimenter la relance, elles tournent notamment autour d’efforts de numérisation visant quelque 160 000 petites et moyennes entreprises au pays (PME).
Sur cinq ans, c’est 1,4 G$ qui seront consacrés afin d’offrir de la formation et des services consultatifs, du soutien financier pour absorber une facture de la transition numérique des compagnies et former 28 000 « jeune » destinés à « aider » les PME à « adopter la technologie ».
Au moment où les revenus de bon nombre de sociétés ne sont pas au rendez-vous, le gouvernement Trudeau leur propose, si elles investissent, de déduire jusqu’à 1,5 M$ des dépenses pour chacune des trois prochaines années.
« Ces déductions aideront 325 000 entreprises à faire des investissements essentiels », a fait valoir la ministre Freeland.
Depuis le début de la pandémie, à plus d’une reprise, des regroupements d’entrepreneurs ont déploré les frais élevés des cartes de crédit imposés aux PME sur les achats en ligne dans un contexte où la transition vers le commerce en ligne s’est grandement accélérée.
Si le gouvernement aborde le dossier dans son budget, il reporte à sa prochaine mise à jour économique le dévoilement de la marche à suivre pour agir.
Entre-temps, Ottawa dit vouloir mener des discussions avec les « principaux intervenants », les émetteurs de cartes de crédit, dans le but de « réduire les frais » facturés aux commerçants, « garantir » que les PME auront des « prix similaires » à ceux des grandes entreprises et que les « points de récompense existants des consommateurs » soient « protégés ».
« Oui il y a l’aspect de la relance économique, mais on sent que cela n’est peut-être pas la priorité immédiate du gouvernement, a observé Geneviève Tellier, professeure à l’Université d’Ottawa qui se spécialise dans les politiques budgétaires. C’est vraiment ce qui peut être fait pour que la sortie de crise puisse se faire avec le moins de douleur possible. »
Dans l’ensemble, le bouquet de mesures proposé par le gouvernement Trudeau d’ici 2025-2026 dans le but de stimuler les investissements des entreprises s’élève à 16,3 G$.
Environ la moitié de la somme doit être dépensée au cours des deux prochains exercices financiers.