La correction semble avoir débuté avec la publication de leurs résultats trimestriels en octobre. Apple est passé de 118 $US jusqu’à 104 $US entre le 26 octobre et le 14 novembre, un recul de près de 12 %. Durant la même période, Google a perdu plus de 10 %, Amazon et Facebook ont dévissé de plus de 15 %. Notons toutefois qu’ils ont tous rebondi quelque peu au cours des derniers jours.

Fait assez étonnant, bien que cette correction a débuté alors que les marchés boursiers connaissaient certaines pressions à la baisse, elle s’est poursuivie même si les principaux indices boursiers se sont vus projetés vers le haut à la suite de la victoire du républicain Donald Trump à l’élection présidentielle américaine le 8 novembre.

Il semble qu’une rotation de secteurs se soit amorcée et que son importance a pris un peu tout le monde par surprise, explique Pierre Trottier, gestionnaire de portefeuilles d’actions américaines à l’Industrielle Alliance. « Chacun de ces 4 titres techno étaient sous pression à la suite de la publication de leurs résultats trimestrielles, mais l’élection de Trump a accentué le phénomène de rotation. « Ça s’est fait violemment et à leur détriment », dit-il.

Le changement à venir dans l’administration à la Maison-Blanche a déclenché une ruée vers les titres pro-cycliques, explique Benoit Brillon, gestionnaire de portefeuilles chez Gestion de portefeuilles Landry. Certains secteurs tels les banques, l’industrie, la défense et la santé sont revenus à la mode compte tenu des indications, bien que fragmentaires pour l’instant, des intentions du nouveau président en matière de gestion économique, explique M. Brillon. « Les gestionnaires ont vendu les titres techno afin de financer leurs achats dans ces secteurs », dit-il.

L’augmentation des dépenses en infrastructures, les baisses d’impôts des sociétés et les possibles hausses de taux d’intérêt sont tous des facteurs qui vont favoriser la croissance et l’inflation, si bien que les gestionnaires cherchent maintenant les titres qui vont profiter à court terme du phénomène, et non pas les titres qui se veulent des investissements à plus long terme comme le sont les titres technologiques dont la courbe de croissance ne suit pas nécessairement celle de l’économie.

L’élection de Donald Trump fait aussi craindre une plus grande difficulté pour les entreprises techno à recruter du personnel qualifié, croit Mark Lin, gestionnaire de portefeuilles chez CIBC Gestion d’actifs. « L’industrie technologique manque de travailleurs qualifiés et les remarques du nouveau président sur les questions d’immigration n’ont rien pour faciliter le recrutement », dit-il.

Il ne semble pas y avoir beaucoup d’atomes crochus entre le président-élu et le secteur de la technologie. « Silicon Valley semble être beaucoup plus près des démocrates que des républicains », dit Pierre Trottier.

Faut-il alors se délester des gros titres techno ? Le gestionnaire de l’Industrielle Alliance ne le croit pas. « Bien qu’un élan protectionniste ne sera certainement pas bon pour ces entreprises, il faut se demander s’il y a quelque chose de fondamentalement mauvais avec ces grandes compagnies de technologie », dit-il. Il ne croit pas, et compte tenu des énormes positions d’encaisse que possèdent la plupart de celles-ci, les évaluations sont très intéressantes actuellement, selon lui.

Quant à Mark Lin chez CIBC, les raisons qui expliquent la faiblesse actuelle du secteur ne l’incitent pas à vendre. Au contraire, il s’occupe à faire certains achats, confie-t-il.