La souveraineté territoriale de l’Union européenne (UE) ne se prêterait pas à ce genre de système, et ne serait pas souhaitable.
« Quand vous êtes au Canada, vous êtes un pays, vous avez une souveraineté, un gouvernement central, vous avez des compétences provinciales, vous pouvez même déclarer un impôt spécial pour aider une province. En Europe […], la solidarité ne va pas jusque là et elle ne peut pas aller jusque là parce que chaque État reste responsable de son budget », explique Pierre Gramegna.
Le ministre offre l’exemple de la Grèce que l’Europe aide par des prêts. Lever un impôt spécial pour aider ce pays serait toutefois à contre « les bases fondamentales de l’UE», selon lui.
« Même si l’Europe est la région du monde la plus intégrée avec la coopération internationale la plus sophistiquée et la plus profonde qui existe, vous avez néanmoins encore une très large partie qui reste de la compétence nationale », précise-t-il.
Des programmes de soutien visant à réduire les écarts de développement entre les régions et par extension, entre les États membres, existent dans l’UE.
Il s’agit du deuxième poste budgétaire d’importance, représentant 35 % du budget communautaire, soit 348 milliards d’euros, les Fonds structurels et Fonds de cohésion sont des équivalences au système canadien, adapté pour l’UE.
« Nous avons le Fonds européen de développement régional (FEDER) et le Fonds social européen (FSE) dont le but est justement de compenser l’écart de richesses entre certains pays. Le FEDER est donc, au niveau de l’UE, quelque chose qui ressemble à ce que vous faites au Canada, mais ce n’est pas dans les mêmes proportions », illustre Pierre Gramegna.
La croissance européenne reprend et surprend
La croissance économique de l’UE est au-dessus des attentes, selon le ministre des Finances luxembourgeoises.
« L’économie européenne va mieux, on prévoyait une croissance européenne de 1 % pour la zone euro et de 1,5 % dans l’ensemble de l’UE et les chiffres sont supérieurs », précise-t-il.
Pierre Gramegna identifie cette reprise de croissance à la politique d’assouplissement monétaire de la Banque centrale européenne, au prix du pétrole à la baisse ainsi que l’apparition du plan Juncker dont l’objectif est de stimuler les investissements privés en Europe.
« Vous mettez ces trois éléments ensemble et vous allez avoir une croissance européenne qui va repartir », souligne le ministre.
Le Luxembourg prendra la présidence de l’Union européenne à partir du mois de juillet 2015 et lors de cette présidence, le ministre des Finances mettra de l’avant trois dossiers.
« Durant ma présidence économique et financière, je souhaiterais terminer la négociation sur la directive d’échange automatique de roulement en arrière, implanter quelques directives sur les services financiers pour faciliter l’accès sur les marchés de capitaux pour les petites et moyennes entreprises (PME) et une directive sur la simplification de la titrisation pour faciliter l’accès aux finances pour les PME », explique Pierre Gramegna.