Le cours du cuivre est tombé dans un marché baissier, soit un recul de 20% par rapport au sommet de quatre ans atteint en juin.
Le pétrole a flanché sous 65$US le baril en cours de séance tandis que les marchés émergents frôlent aussi avec une chute de 20% par rapport au sommet de janvier.
Les pros encaissent leurs gains récents de peur que le ralentissement de l’économie mondiale, mise à mal par les hostilités commerciales déclenchées par Trump, affaiblira la demande pour les métaux industriels et les pays émergents qui les produisent.
Pour l’instant, les réverbérations du bras de fer entre Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump, semblent confinées et présentent peu de chances de se propager partout ailleurs, malgré la peur qu’expriment les marchés, croit Luc Vallée stratège en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne.
La crise en Turquie reflète par contre le risque bien réel que pose la hausse commune des taux et du dollar américain ailleurs dans le monde, explique-t-il.
La Turquie, et une foule d’autres pays d’Asie-Pacifique ont énormément emprunté en devises américaines afin de profiter des bas taux américains, depuis dix ans.
En 2017, le déficit du compte courant turc atteignait 5,5% de son produit intérieur brut. Cette proportion croît depuis, donne-t-il en exemple.
La hausse des taux et du billet vert augmente le coût pour ces emprunteurs étrangers de verser les intérêts et de rembourser le capital de leurs obligations à l’échéance en dollars américains.
De plus, les investisseurs privés se sont arrachés ces obligations souveraines et de sociétés en dollars américains ces dernières années, ce qui accentue le risque de transmission dans une crise de crédit, ajoute-t-il.
Le cocktail toxique du dollar et des tarifs
Le principal risque de contagion pour les marchés financiers concerne la Chine, insiste M. Vallée, si Donald Trump impose des tarifs douaniers sur 500 milliards de dollars de biens importés aux États-Unis comme il menace de le faire.
Après les tarifs imposés sur 34 milliards de dollars américains d’importations chinoises en juillet, des frais de douanes seront imposés sur 16 G$US de biens additionnels, le 23 août. La Chine réplique dollar pour dollar.
Si la menace de taxes de 25% sur 200 G$US de biens chinois se matérialisait, son produit intérieur brut serait amputé d’un pourcent, estime Gavekal Dragonomics.
Moins d’exportations de la Chine auraient vite fait de se répercuter sur ses fournisseurs régionaux qui produisent les composantes que les Chinois assemblent.
Ces pays asiatiques seraient alors contraints de dévaluer leur propre monnaie pour rester concurrentiels, affaiblissant ainsi la capacité des emprunteurs à rembourser leurs dettes émises en dollars américains, et provoquant potentiellement un effet boule de neige dangereux, ajoute l’expert de la Banque Laurentienne.
Le yuan chinois a perdu 8% depuis trois mois par rapport au billet vert.
« La hausse des taux et du dollar américain, en plus de tarifs douaniers sur les exportations chinoises, sont les ingrédients qui pourraient transformer la crise contenue actuelle en catastrophe ». Pas étonnant dans ces circonstances que la Chine devance certains investissements industriels et facilite le prêt aux PME pour freiner son ralentissement de son économie.
Et pour cause. Sa dette équivaut à 270% de son produit intérieur brut (PIB).
Pour l’instant, une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis reste une menace. Si elle devait se déclencher, les investisseurs seraient sages de trouver refuge, conclut-il.