1- Une guerre des taux hypothécaires pourrait avoir des conséquences graves pour l’économie canadienne.

Le taux d’endettement des Canadiens continue de toucher de nouveaux sommets malgré les avertissements répétés de la Banque du Canada et du ministre Flaherty. Le ratio d’endettement des ménages canadiens atteint 165% du revenu disponible, tandis qu’il était de 137,8 % en 2007.

Des offres de taux plus alléchantes risquent d’amener certains ménages à s’acheter une propriété même si leurs finances sont vulnérables.

2-Le marché immobilier canadien ralentit à vitesse grand V depuis plusieurs mois et les prix risquent de suivre la même trajectoire.

Vendredi dernier, l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), qui représente 160 000 courtiers et agents immobiliers du pays, a prévu qu’il se vendra par l’entremise du système MLS au Québec cette année 73 800 propriétés, une baisse de 4,7 % par rapport aux 77 427 maisons vendues en 2012. Au Canada, la baisse devrait être de 2,9%.

Mardi, l’indice Teranet de la Banque Nationale, qui mesure l’évolution du marché immobilier au Canada, a montré que les prix reculent depuis 6 mois à Montréal et depuis 5 mois à Toronto. À Vancouver, ils sont en baisse de 4,5 % depuis juin 2012.

L’économiste Marc Pinsonneault, de la Banque Nationale, croit que la conjoncture actuelle annonce «un maintien de la tendance à la baisse des prix au cours de 2013».

Plusieurs analystes ont signalé que le marché immobilier canadien était surévalué. Les agences de notation Moody’s Investor Service et Fitch ont récemment indiqué que le Canada a un des marchés immobiliers les plus surévalués parmi 17 pays développés et qu’il pourrait subir une importante correction. À lire: Immobilier: la correction sera brutale! et Le marché canadien surévalué de 20%, selon Fitch

3- Le risque systémique d’une crise immobilière.

Une autre raison pour laquelle M. Flaherty peut être tenté de freiner une guerre de taux hypothécaires parmi les institutions financières est le risque auquel la Société d’hypothèques et de logement (SCHL) pourrait exposer les finances du pays advenant une crise immobilière comme celle que les États-Unis ont connue.

Selon certains observateurs, la SCHL représente une bombe à retardement pour les finances du pays. Au début de 2011, l’Institut CD Howe avait chiffré à 500 G$ l’exposition des contribuables au marché hypothécaire canadien. Le montant des prêts assurés par la SCHL avoisinerait aujourd’hui les 600 G$. L’institut torontois estimait que l’équivalent de 30 % du PIB pourrait être à risque advenant un choc immobilier.

Au cours des dernières années, le gouvernement a pris quatre mesures visant à réduire l’exposition des contribuables à l’immobilier, avait indiqué M. Flaherty en entrevue au Globe and Mail en octobre dernier. Maintenant que la SCHL a utilisé tous les outils à sa disposition pour stabiliser le marché immobilier du pays, M. Flaherty souhaite que la société d’État fédérale soit privatisée d’ici cinq à dix ans.

En juin dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), avait souligné que le Canada «avait bien résisté à la crise économique mondiale» de 2008-2009 notamment grâce à une politique macroéconomique opportune, à des prix élevés pour ses produits de base et à un système bancaire «solide» qui n’a pas eu besoin d’être renfloué.

Mais avec un endettement des ménages qui n’a cessé de grimper, une économie canadienne chancelante et le repli marqué des prix des matières premières, la solidité du système financier canadien pourrait être compromise advenant un choc immobilier important.