«C’est que tous les autres facteurs sont bons simplement», répond Clément Gignac, économiste en chef à l’Industrielle Alliance, en entrevue à Les Affaires.
Rappelons qu’en début d’année, plusieurs stratèges faisaient du risque géopolitique occasionné par l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche un facteur important pouvant mettre fin à la tendance haussière des marchés boursiers. Après tout, le bull market est le plus long de l’histoire, lui qui dure depuis plus de huit ans.
D’autres observateurs de la scène boursière prétendaient en revanche que les réformes fiscales «phénoménales» que promettait le nouveau président allaient assurer la poursuite de l’ascension des marchés. Jusqu’à maintenant, ces réformes n’ont pas avancé d’un iota, mais la Bourse elle, a continué sa poussée. Un élan que Clément Gignac attribue à ceci:
« Le principal facteur qui permet une telle résilience des marchés boursiers est l’accélération de la croissance économique mondiale »
L’optimisme des banques centrales
Signe que le contexte s’améliore, presque toutes les banques centrales indiquent qu’elles en ont terminé avec les politiques monétaires accommodantes.
La Réserve fédérale américaine a haussé à nouveau son taux cible des fonds fédéraux en juin. La Banque du Canada, dont personne ne croyait en début d’année qu’elle pourrait hausser les taux en 2017, vient aussi de le faire. Et la Banque centrale européenne (BCE) s’apprête à mettre fin à sa politique d’assouplissement quantitatif.
Rien de mieux pour rassurer les investisseurs que des banques centrales qui démontrent un tel optimisme quant aux perspectives économiques.
Quant au président américain, il faut se rappeler que ses pouvoirs sur le plan législatif ne sont pas aussi grands que ceux des premiers ministres dans les démocraties parlementaires, ajoute M. Gignac. Bien qu’il ne réussisse pas à passer de la rhétorique à l’action sur le plan économique, ses agissements erratiques ne heurtent pas l’économie, du moins pas pour l’instant.
On aura beau trouver disgracieux à tous les égards les agissements du nouvel occupant de la Maison-Blanche, force est de constater que les Bourses carburent toujours aux trois mêmes facteurs, soit les bénéfices, les liquidités et le sentiment, rappelle M. Gignac.
Et ces trois facteurs demeurent positifs. Les bénéfices sont en croissance, les liquidités demeurent abondantes compte tenu du fait que les banques centrales n’en sont qu’au tout début d’un resserrement monétaire qui s’avérera probablement très graduel, et enfin, les indicateurs de sentiment tel le VIX, communément appelé l’indice de la peur, continuent de se maintenir à des niveaux très bas.
Qui plus est, il faut généralement une récession pour mettre fin à un marché haussier. «Nous n’en sommes pas là», dit Clément Gignac. Il n’y aucun déséquilibre important qui pourrait faire vaciller l’économie pour l’instant et justifier de quitter le marché boursier, selon lui. «On ne voit pas de fin de cycle avant deux ans.»
Existe-t-il un indicateur qui devrait nous inciter éventuellement à plus de prudence? «L’accélération des salaires», répond l’économiste de l’Industrielle Alliance.
La création d’emploi demeure vigoureuse, mais les salaires augmentent très peu pour l’instant. Conséquemment, cela génère peu d’inflation. Il faudra que la rémunération augmente plus rapidement pour que les marges bénéficiaires et les bénéfices des sociétés soient affectés. «C’est à ce moment qu’il faudra être plus prudent à l’égard du risque boursier», conclut l’économiste.