C’est ce qu’ont expliqué François Dupuis, vice-président et économiste en chef au Mouvement Desjardins, Vincent Delisle, directeur principal, stratégie de portefeuille à la Banque Scotia, et Stéfane Marion, économiste et stratège en chef à la Banque Nationale, lors d’un déjeuner-causerie organisé ce mercredi par les CFA Montréal.
Malgré tout, les trois prévisionnistes estiment que les indices phares des Bourses canadienne et américaine (le TSX et le S&P 500 ) termineront l’année avec une légère amélioration par rapport à aujourd’hui.
Les trois prévisionnistes tablent aussi sur une légère hausse du prix du dollar canadien par rapport au billet vert d’ici décembre 2016, qui s’échange aujourd’hui à 0,71 $US.
-François Dupuis le voit dans une fourchette de 0,72 à 0,74 $US
-Vincent Delisle mise sur un huard à 0,73 $US
-Stéfane Marion voit notre monnaie dans une fourchette de 0,71 à 0,77 $US.
Par ailleurs, les principales économies de la planète feront face à plusieurs défis en 2016, selon les trois spécialistes.
Le Canada souffre, le Québec stagne
François Dupuis affirme que l’économie canadienne continuera de pâtir de l’effondrement des prix du pétrole. Depuis un an, le brent de la mer du Nord a perdu 32% de sa valeur à 32$US, selon Bloomberg.
Et il n’y a pas de remède miracle pour les provinces canadiennes productrices de pétrole (Alberta, Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador), car elles devront diversifier leur économie.
«Cet ajustement sera long», prévient l’économiste de Desjardins, estimant que ce processus pourrait prendre de 2 à 5 ans.
Vincent Deslisle reste néanmoins optimiste pour l’économie canadienne malgré la mauvaise conjoncture économique. «On recommande d’ailleurs d’augmenter la pondération du Canada dans les portefeuilles cette année», dit-il.
À ses yeux, si les impacts de la chute du prix du pétrole n’affectent pas les économies de l’Ontario et du Québec, la baisse des profits des entreprises inscrites au TSX sera relativement limitée.
Même si le Québec est pour l’instant épargné par la faiblesse des cours pétroliers, son économie ne pourra pas afficher un taux de croissance supérieur à 2% en 2016 (et dans les prochaines années), affirme François Dupuis.
«Le choc démographique ne nous permet pas d’avoir une croissance plus forte.» Desjardins prévoit une croissance du PIB québécois de 1,3%, en 2016, et de 1,6%, en 2017.
Chine: la croissance ralentit, mais son poids est toujours important
En Chine, le ralentissement de la croissance économique continuera de susciter des inquiétudes. La Banque Nationale prévoit que le PIB chinois progressera de 6,5% en 2016.
Ce qui est loin de sa moyenne historique.
De 1989 et 2014, le PIB chinois a bondi en moyenne de 9,1% par année, selon le National Bureau of Statistics of China. Et en 2015, la Chine devrait enregistrer une croissance de 6,9%, selon l’Economist Intelligence Unit.
Stéfane Marion fait toutefois remarquer qu’un taux de croissance de 6,5% par année en Chine aujourd’hui crée autant de richesse qu’une croissance avoisinant les 10% en 2008. «C’est la même contribution à l’économie mondiale», souligne-t-il.
Les États-Unis vont bien, mais que fera la Fed?
Malgré la chute du pétrole (les États-Unis produisent 10 millions de barils par jour) et les problèmes de la Chine, l’économie américaine se porte bien, affirme Stéfane Marion.
«Les prêts aux ménages et aux entreprises sont en croissance», dit-il. Aussi, il ne faut pas selon lui craindre un ralentissement ou une récession aux États-Unis.
Vincent Delisle prévient toutefois qu’il faudra surveiller de près la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FED).
Augmentera-t-elle son taux directeur en 2016? En décembre, la Fed l’avait relevé pour une première fois en neuf ans.
Ce mercredi, elle a déclaré que la croissance économique avait «ralenti» au quatrième trimestre de 2015 aux États-Unis – les statistiques officielles seront publiées bientôt.
Des analystes estiment qu’elle sera inférieure à 1%.