La troisième vague de restrictions découlant de la COVID-19 est à peine dans le rétroviseur, mais les investisseurs se demandent si une quatrième vague – alimentée par le variant Delta – portera un nouveau coup à l’économie.
« Il ne fait aucun doute que la menace du Delta va perturber quelque peu la voie de la reprise économique », a déclaré Avery Shenfeld, économiste en chef à la CIBC, lors d’une récente entrevue.
Cette perturbation s’est déjà traduite par une baisse des rendements obligataires ces dernières semaines, ainsi que par un recul des dépenses de consommation.
« Nous avons vu certaines compagnies aériennes [américaines] signaler que les réservations avaient un peu ralenti à la mi-août – un signe que les Américains, et les Européens aussi, sont peut-être un peu plus prudents lorsqu’il s’agit de décider combien ils sont prêts à investir dans l’économie », analyse Avery Shenfeld.
Une recrudescence des cas de COVID-19 aux États-Unis a pesé sur les dépenses en juillet, les ventes au détail américaines ayant chuté de 1,1 % au cours du mois, soit une baisse plus importante que celle de 0,3 % attendue par les analystes.
Néanmoins, « il est trop tôt pour être trop pessimiste quant à l’importance de l’impact économique du Delta », assure Avery Shenfeld.
Les pays ayant des taux de vaccination élevés et des pics de cas, comme le Royaume-Uni et les Pays-Bas, n’ont pas connu d’augmentation significative du nombre de décès, rapporte Avery Shenfeld. Comme les vaccinations limitent la gravité des cas, les consommateurs peuvent être confiants et reprendre leurs activités de consommation. « Cela sera particulièrement bénéfique pour le Canada, où le taux de vaccination est assez élevé », ajoute-t-il.
En outre, les gouvernements, les entreprises et les citoyens atténueront de manière proactive les dommages économiques au cours de la quatrième vague, entrevoit Avery Shenfeld. Des juridictions comme la ville de New York et le Québec rendent obligatoires les vaccins pour certaines activités intérieures, et des entreprises et établissements d’enseignement leur emboîtent le pas.
Ces obligations pourraient entraîner une réouverture durable de l’économie et encourager encore plus de personnes à se faire vacciner, ce qui serait « payant en fin de compte », commente-t-il.
La modélisation de la pandémie par l’Institut canadien des actuaires suggère que 90 % de la population doit être vaccinée pour réduire le risque d’une quatrième vague.
Dans l’état actuel des choses, les perspectives économiques à court terme d’Avery Shenfeld pour le Canada prévoient une forte croissance au troisième trimestre – un trimestre qu’il a évoqué dans un rapport économique hebdomadaire comme étant « une explosion économique » en raison de l’augmentation de l’activité des consommateurs.
Les prévisions de croissance de RBC, mises à jour la semaine dernière, estiment le PIB du troisième trimestre à 8 %, ce qui fait suite à une croissance modérée estimée à 2,5 % au deuxième trimestre. L’accélération du troisième trimestre repose sur un bond des emplois et des heures travaillées cet été, ainsi que sur une hausse des dépenses.
Un quatrième trimestre plus faible pourrait suivre en fonction de force de la quatrième vague de COVID-19. RBC prévoit un PIB de 6 % au quatrième trimestre.
Au-delà de 2021, Avery Shenfeld est optimiste. « Nous voyons toujours l’économie au cours des six prochains trimestres se comporter assez bien, résume-t-il. Par conséquent, nous pensons que les marchés financiers ne seront finalement pas si menacés par le variant Delta. »
Ainsi, les actions pourraient connaître une nouvelle hausse au fil du temps et les rendements obligataires pourraient se diriger vers le haut, « car le marché se rend compte que l’aube du Delta n’est pas nécessairement la fin du chemin de la reprise pour l’économie mondiale », conclut-il.
Cet article fait partie du programme AdvisorToGo, propulsé par la Banque CIBC. Il a été rédigé sans la contribution du commanditaire.