La façon dont l’argent est réparti entre les différentes catégories d’actifs d’un portefeuille, souvent appelée budgétisation du capital, se concentre principalement sur les rendements.
Pourtant, selon Perry Teperson, vice-président de Leith Wheeler à Vancouver, on devrait aussi songer à ce que l’on appelle la budgétisation du risque.
« Vous devez comprendre d’où vient le risque dans votre portefeuille et quel impact il pourrait avoir, surtout en période difficile, lorsque l’on se soucie plus du risque que du rendement », dit Perry Teperson.
« Le risque total d’une perte en capital est habituellement celui qui est le plus pressant pour un investisseur particulier, et il faut donc savoir d’où vient ce risque. Les catégories d’actifs apportent-elles un niveau de risque équivalent, ou y en a-t-il une qui soit plus risquée? Il faut vous poser la question suivante : comment cela peut-il affecter mon portefeuille en période difficile? » , ajoute-t-il.
Il affirme que, en général, les investisseurs sont plus focalisés sur la question du rendement.
« Ils ont tendance à se demander comment construire un portefeuille de manière à obtenir un certain rendement. Toutefois, on a perdu de vue la question du risque parce que pas mal d’eau a coulé sous les ponts depuis la crise financière de 2008 », dit Perry Teperson.
« Et nous nous trouvons dans une conjoncture aux rendements si faibles, pour des actifs défensifs comme les fonds du marché monétaire et les obligations, que les investisseurs se tournent davantage vers les actions. Ils se demandent : combien d’argent dois-je ajouter à mes placements en actions ou autres catégories d’actifs risquées pour atteindre mon rendement cible ? », dit-il.
Mais dans le cadre de leur décision, les investisseurs doivent aussi garder l’oeil sur le risque. Dans une conversation hypothétique avec des clients sur la répartition d’actifs, selon Perry Teperson.
« Nous leur demanderions si ces obligations demeurent une composante utile de leur portefeuille et serions d’avis qu’elles le sont, pour des raisons de diversification. Parler de budgétisation du risque est donc la façon la plus rapide d’engager ce type de conversation. »
Prenons par exemple une combinaison d’actifs de 60 % d’actions et 40 % d’obligations, qui connaîtrait soudain une perte de 10 %. Invariablement, cette chute proviendrait de la portion en actions. « Un peu plus de 90 % du risque provient des actions », dit Perry Teperson, citant des recherches à ce sujet, alors que les obligations amortissent un peu le choc. « Même si les obligations constituent 40 % du portefeuille, elles ne contribuent pas beaucoup au risque en période de tension. »
Et de fait, cela se confirme lorsqu’on examine les rendements de son portefeuille pendant la crise de 2008-2009.
« On a vu des rendements positifs provenant des obligations provinciales et fédérales canadiennes, et probablement des rendements négatifs des obligations de sociétés et à haut rendement. Mais les résultats ont été plus négatifs du côté des actions. C’est la façon la plus rapide de comprendre l’origine du risque », indique Perry Teperson, qui travaille en collaboration étroite avec des clients institutionnels. « Il faut examiner les différentes parties d’un portefeuille, sans quoi on ne percevra pas quelle est l’origine du risque. »
Déterminer le degré de risque dans votre portefeuille n’est pas une tâche facile. Si votre composante en actions consiste en fonds négociés en bourse du marché général, vous pourrez évaluer le risque parce que le risque systématique, appelé bêta, peut être mesuré. Pourtant, il est beaucoup plus difficile de quantifier le risque lié à une gestion active, ou alpha, parce qu’il diffère considérablement des investissements passifs qui pistent l’ensemble du marché.
« La plupart des investisseurs institutionnels et des gestionnaires de fonds de pension ne creuseraient pas plus cette question. Ils choisiraient les meilleurs gestionnaires que l’on puisse trouver. Quelquefois, ils choisiraient des gestionnaires qui offrent le type de gestion du risque qu’ils recherchent. Un gestionnaire axé sur la valeur, par exemple, peut avoir de meilleurs résultats en marché baissier. Voilà un moyen d’incorporer ce type de décisions, plutôt que de se livrer à tout un ensemble de calculs mathématiques sur le risque lié à une gestion active », note Perry Teperson.
Il admet que les investisseurs ne sont pas nécessairement intéressés par la budgétisation du risque lorsque les marchés vont bien et que leurs portefeuilles affichent des rendements solides. Pourtant, ils ne devraient pas céder à la complaisance et en conclure qu’il n’y pas de soucis à se faire. En fait, selon Perry Teperson, c’est précisément le moment de s’interroger pour savoir si l’on est sorti de sa zone de confort, ou de tolérance du risque, advenant un marché baissier.
« Les gens devraient passer un peu de temps avec leurs conseillers et comprendre ce qui se passe lorsque la marée se retire, Perry Teperson. Ils pourraient s’interroger sur les implications d’un portefeuille un peu moins risqué en période de tension. Par exemple, s’ils changeaient d’une combinaison d’actifs de 60/40 à une combinaison de 50/50, ils devraient se demander ce que cela signifierait à la fois pour les rendements et la gestion du risque en période difficile. Cela devrait leur permettre de comprendre quels sont les facteurs déterminant le risque. »