La Banque Royale du Canada a annoncé une hausse de ses bénéfices au troisième trimestre, dépassant largement les attentes des analystes. Elle n’a enregistré qu’une augmentation modeste des fonds mis de côté pour les prêts potentiellement douteux, tandis que ses revenus ont grimpé.

La banque a dévoilé mercredi des bénéfices de 4,49 milliards de dollars (G$) au troisième trimestre, en hausse par rapport à 3,86 G$ un an plus tôt.

RBC a noté que l’inclusion des résultats de HSBC Canada a fait croître son bénéfice net de 259 M$ pour le trimestre.

Sur une base ajustée, RBC a gagné 3,26 $ par action, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,83 $ par action il y a un an.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 2,97 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.

« Bien que le degré d’incertitude et de volatilité géopolitiques soit plus élevé, nos activités diversifiées sont bien positionnées pour les changements macroéconomiques dans l’environnement opérationnel », a déclaré le président et chef de la direction, Dave McKay, lors d’une conférence téléphonique sur les résultats mercredi.

Les revenus ont totalisé 14,63 G$, en hausse par rapport à 12,98 G$ il y a un an, tandis que la provision pour pertes sur créances s’est élevée à 659 G$, en hausse par rapport à 616 M$ au même trimestre l’an dernier.

Bien que la banque ait mis de côté plus d’argent au total, la proportion de prêts faisant l’objet de provisions a diminué de 0,02 point de pourcentage par rapport à l’année dernière et de 0,14 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent.

Le ratio de 0,27 % de prêts qui préoccupent la banque est bien inférieur à celui de 0,38 % attendu par les analystes, ce qui a contribué à la forte progression des bénéfices.

« Le crédit a été un point fort pour RBC, avec des provisions bien inférieures aux attentes », a déclaré l’analyste de Jeffries John Aiken dans une note.

La performance du crédit contraste fortement avec celle d’autres banques qui ont publié leurs résultats jusqu’à présent, comme BMO, où l’aggravation de la situation des provisions a lourdement pesé sur les résultats.

Les emprunteurs toujours sous tension

Le chef de la gestion du risque de RBC, Graeme Hepworth, a toutefois averti que la banque constatait un stress financier chez les emprunteurs qui ne disparaîtra pas du jour au lendemain. La meilleure performance du trimestre était davantage liée au financement de gros, à la fois sur les marchés de capitaux et dans ses segments City National, par rapport aux trimestres précédents.

« Je ne lirais pas cela comme une indication définitive que nous avons maintenant franchi le cap. (…) Les tendances dans le commerce de détail sont toujours négatives », a-t-il déclaré.

Il a indiqué que la banque observe une augmentation des tensions sur presque tous les produits et s’attend à ce que cela se poursuive en 2025, car le chômage augmente et de plus en plus de consommateurs renouvellent leurs prêts hypothécaires à des taux plus élevés.

« Nous constatons toujours que le consommateur fait face à de nombreux vents contraires avec l’environnement actuel des taux. (…) Ce sont tous des facteurs qui nous rendent encore assez prudents jusqu’à la fin de cette année et au début de l’année prochaine », a-t-il fait valoir.

RBC n’a cependant pas seulement fait bonne figure sur le crédit, elle a aussi vu ses revenus d’intérêt augmenter dans sa division de banque de détail et ses bénéfices de gestion de patrimoine progresser grâce à la croissance des revenus.

RBC a déclaré que ses activités bancaires aux particuliers et aux entreprises ont généré 2,49 G$, en hausse par rapport à 2,13 G$ au même trimestre de l’exercice précédent.

La branche de gestion de patrimoine de la banque a généré 862 M$, en hausse par rapport à 663 M$ un an plus tôt, tandis que ses activités d’assurance ont enregistré 170 M$, en baisse par rapport à 215 M$ au même trimestre de l’année dernière.

Les activités de marchés de capitaux de RBC ont généré 1,17 G$ au cours de son dernier trimestre, en hausse par rapport à 949 M$ il y a un an.

L’institution financière a indiqué que son bénéfice net s’est élevé à 3,09 $ par action pour le trimestre clos le 31 juillet, comparativement à un bénéfice de 2,73 $ par action au même trimestre l’année dernière.

Prudence sur les acquisitions

Dave McKay a déclaré que la banque progressait dans le redressement de sa division City National établie aux États-Unis, et que la banque n’aborderait toute nouvelle acquisition aux États-Unis qu’avec une grande prudence.

« Je dirais que la barre est très haute, a affirmé le président et chef de la direction. C’est un marché très concurrentiel. »

RBC travaille également toujours à l’intégration de HSBC Canada, avec d’autres synergies à annoncer.

Et même si la banque accélère ses rachats d’actions et enregistre des bénéfices en hausse, Dave McKay prévient que l’environnement économique reste très incertain.

« Nous sommes en mesure d’absorber cette volatilité et de continuer à réaliser de bonnes performances à l’avenir, mais nous voulons nous assurer que vous êtes conscients que nous n’avons pas encore fait atterrir cet avion », a-t-il exposé.

Banque Nationale : croissance du bénéfice

La Banque Nationale a réalisé un bénéfice de 1,03 G$ au troisième trimestre, en hausse par rapport à 830 M$ à la même période il y a un an, grâce à la vigueur de ses activités.

La banque montréalaise a indiqué que son bénéfice net s’est élevé à 2,89 $ par action pour le trimestre qui a pris fin le 31 juillet, en hausse par rapport à 2,33 $ par action un an plus tôt.

Ses revenus ont totalisé 3,00 G$ au troisième trimestre, en hausse par rapport à 2,49 G$ au même trimestre l’année dernière.

La provision pour pertes sur créances, soit le montant qu’une banque met de côté pour couvrir les créances douteuses, s’est élevée à 149 M$, en hausse par rapport à 111 M$ un an plus tôt.

Sur une base ajustée, la Banque Nationale a gagné 2,68 $ par action au cours de son dernier trimestre, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 2,18 $ par action au même trimestre l’an dernier.

L’estimation moyenne des analystes était d’un bénéfice ajusté de 2,49 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.

Banque CIBC : le bénéfice augmente aussi

Le bénéfice de la Banque CIBC a augmenté d’une année à l’autre au troisième trimestre, notamment parce que l’institution financière a mis moins d’argent de côté pour les créances douteuses.

La CIBC rapporte que son bénéfice net s’est élevé à 1,80 G$, soit 1,82 $ par action, lors du trimestre qui a pris fin le 31 juillet, en hausse par rapport à 1,43 G$, ou 1,47 $ par action, pour la même période l’an dernier.

Ses revenus ont totalisé 6,60 G$, comparativement à 5,85 G$ il y a un an. Sa provision pour pertes sur créances s’est établie à 483 M$, en baisse par rapport à 736 M$ un an plus tôt.

Sur une base ajustée, la CIBC a réalisé un bénéfice de 1,93 $ par action au cours de son dernier trimestre, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 1,52 $ par action pour le troisième trimestre de 2023.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice ajusté de 1,74 $ par action, selon LSEG Data & Analytics