Qu’a fait la bourse canadienne durant cette période de récession? À peu près rien. Le 30 juin, l’indice S&P/TSX se situait à environ 14 650 points, sensiblement au même niveau qu’en début d’année.
Ce n’est qu’après que la bourse canadienne a flanché. En même temps que toutes les autres. Au plus fort de la tourmente boursière de l’été, soit le 24 août, le S&P/TSX touchait 12 750 points, une chute de près de 13% depuis le début de juillet. L’indice cote actuellement 13 480. Cela annonce-t-il que la récession va se poursuivre?
Les marchés boursiers sont reconnus pour prédire six mois à l’avance ce que seront les conditions économiques. On peut donc penser que ça ne regarde pas très bien.
Ce n’est pas ce que semble croire Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale. Il note que même si le PIB réel s’est contracté au deuxième trimestre, le secteur non-énergétique pour sa part a connu une croissance de 0,6% alors que 17 des 20 secteurs industriels ont réalisé une augmentation de production durant le mois de juin.
Aux États-Unis, la définition d’une récession est différente, explique l’économiste. Pour le National Bureau of Economic Research, il y a récession lorsque l’on constate un recul significatif de l’activité répandue à travers l’ensemble de l’économie qui dure plusieurs mois et qui touche la production industrielle, l’emploi, les revenus réels et le commerce de gros et de détail.
Jusqu’à présent, au Canada, la production industrielle est le seul secteur où l’activité montre un déclin significatif, constate M. Marion. «La faiblesse économique doit se répandre dans le secteur des services pour confirmer qu’il y a un arrêt de la croissance économique», dit-il.
Même si une récession technique est confirmée, la Banque du Canada (BdC) a de quoi être rassurée, croit pour sa part Benoit P. Durocher, Économiste principal chez Desjardins. «La baisse du PIB réel survenue au printemps s’explique une fois de plus par une importante réduction des investissements non résidentiels, affectés par les difficultés du secteur de l’énergie», dit-il.
«Il faut noter que l’amplitude du recul n’est quand même pas très élevée, sûrement moindre que lors des récessions précédentes», ajoute-t-il. Déjà des signes indiquent qu’un certain retour de la croissance économique se produira au troisième trimestre. «Le PIB réel a augmenté de 0,5% en juin, le premier gain depuis le début de 2015», dit M. Durocher. «Dans ces conditions, la BdC décidera probablement de laisser les taux directeurs inchangés lors de la réunion du 9 septembre»,conclut-il.
Par ailleurs, tout pourrait dépendre de ce que la BdC prévoit que la Réserve fédérale (Fed) fera le 16 septembre, croit Ismaël Chiadmi, directeur de l’analyse quantitative chez Montrusco Bolton.
Le Canada paye pour ne pas avoir joué assez rapidement le jeu de la dévaluation pour faire des gains de compétitivité, croit-il. C’est pourquoi la BdC sera maintenant tentée de baisser les taux, surtout si elle croit que la Fed ne montera pas les siens, selon lui. Dans le cas où la Fed hausserait son taux directeur, une baisse de taux au Canada deviendrait moins nécessaire.