Le ministre Morneau a également laissé entendre que les fonctionnaires fédéraux se pencheront sur la manière dont les communautés racisées vivraient tout éventuel changement au filet de sécurité économique mis en place de toute urgence pour les travailleurs ayant perdu leur emploi en raison de la pandémie de la COVID-19.
Bill Morneau travaille sur une multitude de changements à ces programmes fédéraux, dont les dépenses s’élèvent désormais à environ 153,7 milliards de dollars (G$), tandis que les restrictions s’assouplissent pour permettre aux entreprises et aux travailleurs de reprendre leurs activités.
Les libéraux ont fait miroiter lundi une prolongation de la prestation canadienne d’urgence pour les travailleurs, une refonte du programme de subvention salariale et un accès élargi au programme de prêts d’urgence pour les petites et moyennes entreprises à compter de vendredi.
Devant le comité des finances du Sénat, lundi après-midi, M. Morneau a déclaré que les fonctionnaires travaillent sur divers scénarios économiques pour déterminer comment les programmes devraient être remaniés afin d’offrir un soutien nécessaire sans pour autant étouffer la reprise.
Dans la planification de ces prochaines étapes de la sortie de crise, M. Morneau a déclaré que le gouvernement envisagerait des mesures économiques tant traditionnelles que novatrices qui pourraient être intégrées dans un éventuel budget.
« Nous examinerons assurément les données que nous examinons typiquement, mais nous continuerons également d’essayer de rechercher d’autres sources de données importantes », a avancé M. Morneau.
« Un bon exemple de cela est bien sûr le fait que nous avons adopté une approche pour examiner les données ventilées par genre afin de trouver des approches qui ont un impact différencié sur les femmes. Et ce genre d’approche est quelque chose que nous envisagerons pour d’autres parties de notre société. »
Bill Morneau n’a pas précisé le moment où le gouvernement compte dévoiler son prochain budget ou mise à jour économique. Pour ce faire, il faudrait plus de certitude quant à l’économie sous-jacente, une certitude qui viendra à mesure que les restrictions seront levées, a-t-il fait valoir.
Les répercussions économiques de la pandémie ont été ressenties de manière disproportionnée par les femmes et les travailleurs à faible revenu. Des travaux sont également en cours pour mieux comprendre les impacts de la crise en fonction de la racisation et du statut de minorité visible.
Statistique Canada prévoit recueillir des informations à cet effet à partir du mois prochain, dans le cadre de son enquête mensuelle sur l’emploi, afin d’offrir un aperçu de la situation au sein de populations d’intérêt et d’aider le gouvernement à prendre des décisions appuyées sur des données probantes.
Une des leçons que M. Morneau dit avoir tirées de la pandémie est la nécessité d’adapter les programmes à mesure que de nouvelles données font surface.
En conférence de presse lundi midi, un de ses collègues du cabinet des ministres, Jean-Yves Duclos, a déclaré que M. Morneau ferait une annonce dans un « avenir rapproché » à propos de la subvention salariale fédérale, dans la foulée de la rétroaction d’entreprises et de syndicats.
En date du 8 juin, ce programme avait permis de distribuer 10,5 G$ à près de 210 000 entreprises. Ce rythme est toutefois inférieur à ce que les libéraux attendaient lorsqu’ils en ont d’abord fait l’annonce. Son budget a même été révisé à la baisse, passant de 73 à 45 G$. Lundi, le premier ministre Justin Trudeau a de nouveau exhorté les entreprises à en faire la demande si ce n’est pas déjà fait.
Le président du Conseil du Trésor rejette l’idée selon laquelle les chiffres du programme se sont avérés décevants. Il s’attend à ce que ceux-ci augmentent maintenant qu’il y a une plus grande certitude quant aux divers plans de réouverture et que les employeurs pourront réembaucher les travailleurs temporairement mis à pied.
« Les entreprises comprennent maintenant mieux le fonctionnement du système et elles sont plus à même de voir la marche à suivre sur le plan économique », estime Jean-Yves Duclos.