
Face aux turbulences extrêmes des marchés la semaine dernière, les gestionnaires de fonds maintiennent le cap et s’appuient sur leurs stratégies d’investissement à long terme, tout en recherchant des opportunités dans un contexte de panique.
Kevin Burkett, gestionnaire de portefeuille chez Burkett Asset Management, explique que la stratégie de son entreprise ne repose pas sur l’anticipation des marchés ni sur la prévision de l’évolution des forces macroéconomiques.
Elle se concentre plutôt sur un ensemble de ce qu’il appelle des « entreprises toutes saisons », moins vulnérables aux fluctuations brutales des investisseurs sous pression tarifaire.
« Si la stratégie ne repose pas sur l’anticipation des marchés, si elle ne repose pas sur des perspectives géopolitiques, alors je pense qu’elle est plus fiable, a souligné Kevin Burkett. L’idée est que […] lorsque nous entrons dans ce type de périodes de tension, nous avons déjà agi de manière proactive. »
Des ventes massives et quelques fortes hausses ont eu lieu la semaine dernière sur les marchés depuis que le président américain Donald Trump a annoncé des droits de douane massifs sur des pays du monde entier.
Les marchés ont replongé dans le rouge jeudi, un jour après avoir bondi à l’annonce de la suspension par Donald Trump de certains droits de douane pendant 90 jours.
L’approche adoptée par un gestionnaire de portefeuille dépend de son mandat, a expliqué Ian Chong, gestionnaire de portefeuille chez First Avenue Investment Counsel.
« Une perspective à plus long terme est plus facile à assimiler, car on sait que les corrections permettent aux marchés de se réajuster et de progresser, a-t-il ajouté. En tant que gestionnaire de portefeuille, il faut savoir distinguer le signal du bruit et tirer parti de ce type de situations pour améliorer son portefeuille avec des entreprises de qualité. »
Le portefeuille géré par Ian Chong est axé sur la dynamique, avec une exposition à de nombreuses valeurs technologiques à forte croissance qui ont généré des gains ces deux dernières années.
Mais, vers la mi-février, alors que Donald Trump commençait à mettre à exécution certaines de ses menaces de droits de douane, Ian Chong a commencé à réduire certains risques du portefeuille et à se tourner vers des secteurs du marché plus à même de résister à un environnement inflationniste. Cela inclut les biens de consommation de base, comme Dollarama et Loblaw, ou Costco aux États-Unis, ainsi que l’or.
« Nous ne nous séparons pas de ces positions, loin de là, a-t-il ajouté. Elles génèrent un bon rendement du capital investi, et nous pensons donc qu’il s’agit toujours d’entreprises de bonne qualité, mais, en période de volatilité accrue (…), nous cherchons à gérer cela. »
Pierre-Benoît Gauthier, vice-président, Stratégie de placement chez IG Gestion de patrimoine, explique que son entreprise a abordé l’année 2025 sur la défensive et recherche désormais de bons points d’entrée sur certaines actions, les valorisations devenant plus attractives dans un contexte de volatilité.
« Si les investisseurs attendent que la situation s’apaise avant de commencer à réduire leurs investissements, ils risquent d’attendre longtemps, a-t-il indiqué. Ce marché sera déterminé par les événements, et nous pensons qu’il est nécessaire de commencer à l’accepter et à réduire leurs investissements, car les valorisations deviennent beaucoup plus attractives. »
Les investisseurs devraient se tourner vers les entreprises moins sensibles aux fluctuations de la demande des consommateurs, a noté Pierre-Benoît Gauthier Gauthier.
« Nous envisageons également d’accroître l’exposition aux segments du marché les moins touchés, et je pense que ce sera probablement un thème récurrent partout », a-t-il ajouté.