L’ancien candidat à l’investiture républicaine lors des élections présidentielles américaines, en 1996 et en 2000, fait ces jours-ci la promotion d’un livre, Reviving America: How Repealing Obamacare, Replacing the Tax Code and Reforming The Fed will Restore Hope and Prosperity, où il suggère différentes réformes pour remettre l’économie des États-Unis (et, par extension, l’économie mondiale) sur les rails. Une de celles-là : le retour à l’étalon-or pour stabiliser la finance mondiale.
L’étalon-or, c’est un système monétaire où la valeur totale de la monnaie émise par une banque centrale ne peut dépasser la valeur totale de ses réserves d’or. C’est un moyen sûr d’empêcher les émissions arbitraires de monnaie. C’est du même coup une manière efficace de limiter le crédit et l’endettement des gouvernements, tout en contrôlant l’inflation et les grandes variations de la valeur des devises.
Bref, c’est une façon de limiter les excès, explique-t-il, en entrevue avec Les Affaires. «Le marché des changes aujourd’hui est hors de contrôle. Il se négocie des milliers de milliards de dollars en devises chaque jour. Ça crée de l’incertitude. Une vraie bonne politique monétaire devrait plutôt générer de la confiance. La monnaie, c’est comme un coupon de vestiaire dans un restaurant. Le coupon n’a aucune valeur, mais il assure que vous possédez un manteau, et que vous pourrez le récupérer à la fin de la soirée. La clé, c’est que vous avez confiance dans ce système.»
Avoir confiance dans le système financier n’est pas synonyme d’un retour exclusif aux anciennes méthodes bancaires, assure le pdg de la publication financière Forbes, créée par son père en 1917. Il cite l’exemple du Kenya, où les services bancaires mobiles sont utilisés par 83 % des gens, un taux d’adoption parmi les plus élevés du monde. À titre comparatif, le taux de pénétration d’Internet y est de 58 %.
«C’est un exemple où la technologie est une solution à l’échec des politiques des banques centrales. Elle fait ce que celles-ci ne font pas bien. La technologie rend le capital accessible à ceux qui en ont le plus besoin : les petites entreprises et les petits investisseurs.»
Technologie financière : le pouvoir au plus grand nombre
Pour régler les différents enjeux de la finance internationale, l’homme d’affaires de 69 ans privilégie les grandes politiques aux transformations technologiques. Selon sa vision de la situation, les technologies financières, ou fintechs, prennent davantage la forme d’un baume léger que d’un remède durable. La cryptomonnaie, une technologie visant à retirer des mains d’un petit nombre de grandes banques la gestion des systèmes monétaires mondiaux, est donc moins la solution qu’un symptôme d’une perte de contrôle des grands décideurs, selon lui.
Des outils tels que le blockchain, le «registre des transactions» derrière des monnaies numériques comme le bitcoin, assurent la validité d’une transaction sans intermédiaire financier, tout en promettant un anonymat et une sécurité absolue. N’est-ce pas une solution aux politiques monétaires de certains pays qu’il qualifie de chaotiques ?
«Le blockchain est davantage un signal d’alarme technologique, lancé par un secteur financier en crise, répond M. Forbes. C’est certainement un appel à l’aide pour améliorer la sécurité des systèmes. Mais je ne sais pas, ça pourrait finir par simplifier le système financier mondial.»