Les Canadiens ont du mal à épargner pour leur retraite, et nombre d’entre eux prévoient de repousser la prochaine étape de leur vie en raison de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt, révèle une nouvelle enquête réalisée par le régime de retraite des soins de santé en Ontario.
« Avec une période prolongée de hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, les Canadiens de tous âges ont beaucoup plus de mal à épargner pour leur retraite, et en particulier le groupe d’âge plus âgé qui devrait vraiment attendre avec impatience la retraite », a observé la cheffe des services du Healthcare of Ontario Pension Plan (HOOPP), Ivana Zanardo.
L’inflation s’est lentement refroidie ces derniers mois, mais à 4,4 % en avril sur une base annuelle, elle est toujours plus de deux fois plus élevée que le taux cible de 2,0 % de la banque centrale. La Banque du Canada a relevé la semaine dernière son taux directeur à 4,75 % après plusieurs mois consécutifs de maintien, invoquant le risque d’une inflation persistante.
L’enquête publiée jeudi, réalisée par HOOPP et Abacus Data, a révélé que 44 % des Canadiens non retraités âgés de 55 à 64 ans avaient moins de 5000 $ d’économies, et qu’une personne sur cinq dans ce groupe déclarait n’avoir rien mis de côté pour la retraite.
« Le tableau est sombre pour ces Canadiens plus âgés », a affirmé Ivana Zanardo.
Plus de la moitié des personnes interrogées âgées de 55 à 64 ans ont déclaré que si l’inflation continuait d’augmenter, elles devraient repousser la date prévue de leur retraite.
« Ce qui nous a vraiment marqués cette année et ce qui nous préoccupait, c’est le groupe d’âge plus âgé et le fait qu’ils ne sont tout simplement pas aussi préparés pour la retraite qu’on aurait pu l’espérer », a expliqué Ivana Zanardo.
« À une période de leur vie où ils devraient être enthousiasmés par la retraite, à cause de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt, ils se demandent maintenant s’ils peuvent prendre leur retraite comme ils l’avaient prévu et s’ils devraient repousser cette journée. »
Le chef de la direction d’Abacus Data, David Coletto, a indiqué dans un communiqué de presse qu’au cours des cinq années de réalisation de cette enquête, environ 70 % des répondants avaient toujours convenu que le Canada se dirigeait vers une crise de la retraite.
« Ces résultats pour les Canadiens âgés suggèrent qu’une crise pourrait se profiler de plus en plus si les tendances économiques actuelles se poursuivent », a prévenu David Coletto.
Avoir suffisamment d’argent pour la retraite était l’une des principales préoccupations des répondants au sondage. Parmi toutes les personnes interrogées, 44 % ont indiqué qu’elles n’avaient pas mis d’argent de côté pour leur retraite au cours de l’année écoulée, soit une augmentation de 6 points de pourcentage d’une année à l’autre.
Les jeunes adultes âgés de 18 à 34 ans ont également du mal à planifier leur avenir, la moitié d’entre eux déclarant vivre au-dessus de leurs moyens et la plupart s’inquiétant de l’impact des taux d’intérêt plus élevés sur leur épargne-retraite et leur capacité à rembourser leurs dettes.
« Nous avons toujours dit qu’épargner tôt et souvent était la meilleure façon de préparer sa retraite », a souligné Ivana Zanardo, mais c’est plus facile à dire qu’à faire lorsque le coût de la vie augmente.
« Ce groupe se demande si son revenu suivra l’inflation, lui permettra de se payer un logement et, plus important encore, lui permettra d’épargner pour sa retraite », a-t-elle expliqué.
Malgré la hausse des coûts, près de 70 % des personnes interrogées ont indiqué qu’elles accepteraient un salaire inférieur en échange d’une meilleure pension. Pendant ce temps, 78 % ont estimé que tous les employeurs devraient être tenus de contribuer d’une manière ou d’une autre aux pensions des travailleurs.
L’enquête a été réalisée par Abacus Data entre le 21 et le 28 avril, auprès d’un échantillon aléatoire de 2000 Canadiens tirés de la plateforme de participants de sondages Lucid. Sur son site internet, Abacus Data dit être une agence accréditée membre du Conseil de recherche et d’intelligence marketing canadien, l’organe directeur qui fixe les normes de l’industrie de la recherche au Canada, et assure se conformer à ces normes.