Le rapport annuel de l’ONG Oxfam, publié en marge du Forum économique mondial de Davos, dresse un tableau de l’accélération des inégalités économiques dans le monde. Voici sept constats issus de cette analyse.
- Une accélération vertigineuse en 2024
En 2024, la fortune des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars (G$) dans le monde, un rythme trois fois plus rapide qu’en 2023. Les chiffres sont impressionnants : chaque milliardaire a vu sa fortune augmenter en moyenne de 2 millions de dollars américains (M$ US) par jour. Pour les dix plus grandes fortunes, ce chiffre atteint 100 M$ US quotidiens (tous les montants sont en dollars américains).
Aux États-Unis, Elon Musk, Jeff Bezos et Mark Zuckerberg figurent parmi les grands gagnants, eux qui contrôlent des industries dominantes, voire monopolistiques. À lui seul, Jeff Bezos possède une fortune nette de 219,4 G$ US, principalement issue d’Amazon qui contrôle jusqu’à 70 % des achats en ligne dans plusieurs pays occidentaux.
- L’effet Trump et ses conséquences
L’élection de Donald Trump en novembre 2024 soulève de vives inquiétudes chez les experts d’Oxfam. Le rapport souligne que son retour à la Maison-Blanche représente « une aubaine pour les milliardaires » et présage une augmentation significative des inégalités.
Les politiques économiques annoncées par l’administration Trump devraient, selon les analystes, favoriser davantage la concentration des richesses au détriment des classes moyennes et populaires. Cette tendance s’inscrit dans un contexte où la Banque mondiale estime qu’au rythme actuel, plus d’un siècle serait nécessaire pour éradiquer la pauvreté sans réduction des inégalités.
- L’héritage plutôt que le mérite
L’année 2023 marque un tournant historique : pour la première fois, l’héritage supplante l’entrepreneuriat comme principale source de richesse chez les nouveaux milliardaires.
Le rapport révèle que tous les milliardaires de moins de 30 ans, sans exception, doivent leur fortune aux legs de leurs parents plutôt qu’à leurs propres initiatives. Plus largement, 60 % de la fortune totale des milliardaires provient désormais d’héritages, de liens de connivence, de pratiques relevant de la corruption ou de situations de monopole. Au cours des trois prochaines décennies, plus de 1000 milliardaires actuels prévoient de transférer plus de 5200 G$ US à leurs héritiers.
- Des héritages peu taxés
Le rapport d’Oxfam révèle que la moitié des milliardaires mondiaux résident dans des pays n’appliquant aucun droit de succession sur les héritages destinés à leurs enfants. Les recherches menées par l’organisation montrent que deux tiers des pays n’imposent aucune taxe successorale aux descendants directs.
- Un écart qui se creuse avec la classe moyenne
Pendant que les ultrariches prospèrent, la situation de la classe moyenne se dégrade.
Le rapport met en lumière une accumulation de difficultés :
- multiplication des dettes irrécouvrables,
- érosion des salaires réels
- et flambée des prix alimentaires.
Les conséquences de la pandémie continuent de peser sur les ménages, tandis que les effets du dérèglement climatique aggravent les inégalités existantes.
- Les femmes, premières victimes des inégalités
Le rapport met en lumière les disparités de genre : à l’échelle mondiale, une femme sur dix vit dans une pauvreté extrême.
En Amérique du Nord, les femmes issues de minorités ethniques et les travailleuses précaires sont particulièrement affectées, amplifiant les défis pour réduire ces inégalités.
- Une dynamique héritée du colonialisme
Oxfam rappelle que les systèmes financiers mondiaux continuent de favoriser les pays du nord, y compris les États-Unis et le Canada, au détriment des nations plus pauvres. En 2023, les 1 % les plus riches des pays du nord ont accumulé 30 M$ US par heure au détriment des pays du sud.