Durant l’heure du lunch mercredi, l’indice S&P 500 touchait 1 812, soit 13% plus bas qu’à l’ouverture des négociations le 29 décembre, trois semaines plus tôt. Pourtant, il ne semble pas y avoir de récession à l’horizon aux États-Unis. L’économie américaine croit actuellement à un rythme annuel de 2%, et les économistes ne croient pas pour la plupart qu’elle soit à risque. De plus, l’inflation est sous contrôle, et la création d’emplois demeure vigoureuse.
Il y a bien les craintes d’un ralentissement économique important en Chine et la chute des prix du pétrole et des métaux. Mais est-ce suffisant pour faire dérailler toutes les bourses incluant la bourse américaine? C’est n’est pas du tout impossible, selon Mohamed El-Erian, conseiller économique principal chez Allianz SE, la plus grande compagnie d’assurance au monde basée à Munich, en Allemagne.
Pour lui, la chute des bourses à travers le monde est amplifiée par deux changements majeurs qui augmentent de façon importante l’aversion au risque en général et créent des conditions propices à des développements imprévisibles.
D’abord, nous passons d’une période où la volatilité financière était contrée, sinon éliminée, à une période où l’instabilité est beaucoup plus grande et certainement moins prévisible. «La raison pour cela est que les banques centrales sont moins disposées (Réserve fédérale américaine) ou moins capables (Banque centrale européenne, Banque populaire de Chine) d’éliminer la volatilité», dit-il. En somme, les banques centrales ne peuvent plus protéger les marchés.
Le second changement concerne la liquidité, selon M. El-Erian, qui est aussi le directeur du Barack Obama Global Developpment Council. À cause des nouvelles réglementations et d’une aversion aux fluctuations à court terme de leurs bénéfices, les grandes banques et courtiers sont beaucoup moins intéressés à prendre des positions lorsque les marchés deviennent très volatils. Et plusieurs grands fonds, dont certains souverains sont affectés par la chute du prix du pétrole, adoptent la même approche. Ce sont donc des joueurs importants qui ne sont plus là pour soutenir les prix lorsque la volatilité s’empare des marchés.
Il y aura bien sûr des moments de reprise lorsque les marchés atteindront un état de survente excessif. On l’a vu mercredi en après-midi. De 1812 à 12h30, l’indice S&P 500 a rebondi pour clôturer la séance à 1859, soit une appréciation de plus de 2,5% en quelques heures. Mais les experts semblent croire que ces rebonds ne seront que temporaires, du moins pour l’instant.
Quand cela s’arrêtera-t-il? Difficile à prévoir. «Il faudra qu’un élément catalyseur fondamental signale que le marché a atteint son bas», dit Russ Koesterich, chef stratège du géant de la gestion de fonds BlackRock Inc, en entrevue à CNBC. «Cela pourrait provenir des bénéfices des sociétés, d’une donnée économique particulière, ou encore d’un signe d’amélioration de la situation en Chine», ajoute-t-il.