Ainsi, près des quatre cinquièmes (78 %) des professionnels de la finance affirment ne pas avoir ajusté les portefeuilles de leurs clients, selon les résultats d’un sondage mené par Finance et Investissement.
Une stratégie, c’est sur le long terme
La plupart de répondants expliquent leur choix en raison de leur stratégie d’investissement qui est sur le long terme. « Une stratégie d’investissement doit être maintenue pendant les moments difficiles, sinon il ne s’agit pas d’une stratégie », commente l’un des répondants.
« Ma stratégie correspond à mes objectifs. Et je m’assure que ce soit la même chose pour mes clients », ajoute un autre.
Une stratégie d’investissement est ainsi faite pour répondre à des objectifs sur le long terme, il semble donc illogique de l’abandonner ou la modifier au moindre sursaut sur le marché, peu importe la violence du bouleversement.
Respecter la tolérance au risque, un point clé
Un autre point qui semble essentiel pour les intervenants c’est le profil d’investisseur et la confiance entre le client et son conseiller ou son planificateur financier.
Ainsi l’un des sondés affirme qu’il n’a pas eu besoin de modifier ses placements parce qu’il respecte le profil d’investisseur de ses clients. « La répartition des portefeuilles est établie en fonction d’un profil de risque. On garde le cap », confirme ainsi un des sondés.
Notons que les périodes de volatilité sur le marché sont idéales pour évaluer la tolérance au risque des clients. Si cette tolérance a bien été évaluée lors des rencontres, le client devrait faire face aux corrections du marché avec sérénité et ne pas sortir de ses placements au mauvais moment. En revanche, si le client ne cesse de vous appeler et s’inquiète de la situation, il est probable que le portefeuille ne corresponde pas à leur tolérance.
La confiance entre le professionnel du milieu financier et ses clients est également essentielle. « Patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage… Ma clientèle m’est fidèle depuis plus de 30 ans et la valeur de mon travail est reconnue », déclare ainsi un répondant au sondage qui n’a pas modifié ses placements.
Si le client est depuis longtemps avec son conseiller ou son planificateur financier et sait que celui-ci à ses intérêts bien à cœur, il ne paniquera pas et le laissera gérer ses placements. Évidemment, pour garder ce lien de confiance, il faut rappeler à son client qu’on est bien là pour lui. « La clé réside dans les communications », précise ainsi un des sondés.
Profiter de la situation ou apaiser les craintes?
Parmi les 22 % des répondants qui ont changé leurs placements, certains expliquent que leurs clients ont besoin de liquidités à court terme, ce qui les oblige à modifier leurs positions pour ne pas perdre trop d’argent.
« Je n’ai pas encore ajusté mes portefeuilles, mais je m’apprête à le faire pour ceux dont l’horizon de temps est plus court », peut-on voir dans les réponses des sondés.
« Certains portefeuilles ont été placés plus en sécurité en raison d’un décaissement prochain (dans un ou deux mois), d’autres ont été mis plus à risque pour profiter du rabais en respectant toujours les souhaits des clients et leur profil d’investisseur. Nous avons également augmenté les contributions périodiques pour profiter de la baisse de marché », ajoute un autre.
Les retraits à court terme des clients forcent les professionnels à modifier leurs portefeuilles, mais comme on le voit dans ce dernier commentaire, il y a d’autres raisons requièrent un ajustement des portefeuilles des clients. Le conseiller ou le planificateur financier peut vouloir aller chercher des titres sous-évalués pour profiter du rebond du marché.
« Une portion plus défensive de notre portefeuille a été vendu, afin d’augmenter notre exposition aux marchés américains », déclare ainsi un des sondés. « Depuis 10 jours j’achète dans le marché avec les liquidités dans les comptes des clients », ajoute un autre conseiller.
Cependant, la majorité des sondés qui ont dû ajuster leurs portefeuilles l’ont fait pour augmenter leurs positions dans des produits à risques plus faibles, certainement pour répondre à la panique de leurs clients.
« Beaucoup ont lâché la serviette. On constate beaucoup de rachats et aussi de conversions vers les obligations », témoigne ainsi un planificateur financier.
Ce sondage a été mené par Finance et investissement sur le web entre les 16 et 18 mars et a été mené auprès de 74 professionnels du milieu de la finance.