L’annonce vendredi d’une baisse de 0.06% du PIB réel au Canada pour le premier trimestre a probablement eu l’effet d’une douche d’eau froide pour Stephen Poloz, Gouverneur de la Banque du Canada (BdC).

À peine deux jours plus tôt, la BdC annonçait qu’elle maintenait inchangé le taux cible des fonds à un jour à 0,75%. Le communiqué indiquait que la décision reposait sur le fait que l’on prévoyait un rebond du PIB réel de 1,8% au deuxième trimestre après un résultat à peu près nul au premier trimestre.

Benoit P. Durocher, Économiste principal chez Desjardins, résumait ainsi la situation: «La BdC garde le cap. Si le scénario d’un rebond économique dès le deuxième trimestre se concrétise, on peut anticiper que le statu quo au chapitre des taux d’intérêt directeurs se prolongera jusqu’en 2016».

Or, les résultats du premier trimestre rendent maintenant très improbable l’atteinte de l’objectif de 1,8 % de la BdC pour le deuxième trimestre, croit l’économiste. «Compte tenu que les mois de février et mars ont été négatifs sur le plan de la croissance, le point de départ pour le deuxième trimestre est très bas. Il faudra donc une bonne croissance pour atteindre juste 1%», dit-il.

«Le scénario de croissance plus rapide au deuxième trimestre tient moins la route, et un scénario alternatif qui impliquerait une nouvelle baisse de taux prend maintenant plus de place», résume M. Durocher.

Résultats calamiteux

À la Financière Banque Nationale, on s’inquiète également. «Les résultats du PIB étaient calamiteux, représentant la pire performance depuis la récession de 2008-2009», dit Krishen Rangasamy, Économiste principal.

Le mois de mars s’est avéré une vraie déception. Alors que le consensus des économistes prévoyait une expansion de 0,3%, le PIB s’est plutôt contracté de 0,2%, note l’économiste. «Au premier trimestre, une grande partie de la faiblesse s’explique par la demande intérieure qui a été comprimée par la forte baisse des investissements des entreprises», dit-il. Comme cela est dû en bonne partie au choc pétrolier, l’impact pourrait se poursuivre au deuxième trimestre, selon lui.

Les marchés obligataires ont réagi à cette faiblesse de l’économie canadienne, indique Guy Liébart, président de Sodagep, une firme de gestion de portefeuilles de Montréal. Le rendement des obligations à long terme du gouvernement du Canada est passé de 2,36% en début de semaine à 2,20% à la clôture des marchés vendredi. «Cela indique que les investisseurs constatent que les facteurs fondamentaux de l’économie se sont détériorés», dit-il