Question : Peut-on identifier certains des meilleurs secteurs de l’Indice MSCI Europe sur les 12 mois à la fin août?
Peter Moeschter (PMo), vice-président directeur, Placements Franklin Templeton : L’indice a obtenu un rendement total en dollars canadiens de 28,3 %. La pondération sectorielle la plus lourde de l’indice est celle des services financiers. Son rendement total, avec en tête les banques et les compagnies d’assurance, a été de 42,9 %. Comme nous l’avons évoqué, les actions des biens de consommation discrétionnaire, qui représentent une pondération assez importante, ont généré un rendement total de 41,7 %.
Les valeurs industrielles, autre pondération importante, ont produit un rendement total de 36,1 %. Enfin, le rendement total du secteur des technologies de l’information a été de 39,3 %. Ce secteur n’a qu’une petite pondération. L’énergie, autre pondération importante, a été le secteur le moins performant avec un gain total de 8,8 %.
Q : Le moment est venu de parler de vos portefeuilles. Qu’en est-il des actions des biens de consommation?
PMo : Dans notre portefeuille international (EAEO), nous détenons environ 4 % dans les biens de consommation de base et 10 % dans les biens de consommation discrétionnaire. Beaucoup de nos avoirs dans les biens de consommation discrétionnaire sont des noms japonais du secteur automobile. À ce stade-ci, nous n’en achetons pas. Ils se sont bien comportés.
En Europe, un avoir important pour nous est le groupe Marks & Spencer, une chaîne de détaillants de vêtements, d’alimentation et de produits pour la maison. Nous trouvons que les actions des biens de consommation de base sont généralement chères. Elles se sont bien comportées. Nous avons vendu Nestlé et Unilever.
Paul Musson (PMu), vice-président principal et chef de l’équipe Ivy chez Placements Mackenzie: Nous détenons les deux. Mais nous avons réduit la participation de ces deux noms et celle de Danone, le premier producteur mondial de yaourts. Nous détenons toujours une grosse pondération dans les actions des biens de consommation de base.
Nous avons aussi deux détaillants alimentaires, les supermarchés WM Morrison au Royaume-Uni et Colruyt en Belgique, le détaillant alimentaire le moins cher dans ce pays. La firme est propriétaire de ses locaux et n’a pas de dettes. Colruyt et Morrison sont des mises sur la consommation locale.
Dans le secteur des biens de consommation discrétionnaire, nous aimons toujours le détaillant suédois de vêtements, Hennes & Mauritz (H&M).
PMo : Au niveau des capitalisations boursières, nous nous concentrons sur les actions à grande et moyenne capitalisations. Certaines PME offrent une meilleure valeur, et nous avons été actifs dans ce segment.
Chuk Wong (CW), vice-président et gestionnaire à GCIC : Je suis d’accord. Nous avons une participation importante aux actions des biens de consommation discrétionnaire, aux services financiers et aux valeurs industrielles dans notre fonds européen. Nous avons une petite participation aux biens de consommation de base.
Ces deux dernières années, alors que dans l’ensemble le marché était stressé, nous avons passé pas mal de temps à étudier les noms à grande capitalisation. Nous détenons BMW et le Groupe Swatch. Il s’agit de multinationales avec des franchises solides. Cette stratégie s’est montrée payante. Certains de ces noms se sont bien comportés. Je suis d’accord avec Paul et Peter : les évaluations de certaines de ces grandes compagnies mondiales ne sont plus convaincantes. Nous avons commencé à examiner de plus près les PME européennes. L’accent est mis sur des compagnies ayant des franchises régionales et nationales. Un exemple de biens de consommation discrétionnaire est le plus gros détaillant de jouets grec, Jumbo. C’est un agent consolidateur dans son marché, et il n’a pas de dettes.
Au cours des 12 derniers mois, nous avons investi dans des sociétés de certaines économies périphériques ou en crise — l’Italie, l’Espagne, la Grèce et l’Irlande — qui en ce moment représentent ensemble environ 20 % du fonds européen. Un ajout récent du secteur des biens de consommation de base est le groupe irlandais C&C. Cette société, qui fabrique du cidre, est un chef de file dans ce domaine au Royaume-Uni et en Irlande. C&C a fait une acquisition américaine. Nous avons des évaluations plus convaincantes dans les économies périphériques que, disons, en Allemagne et même au Royaume-Uni.
Q : Et les services financiers européens?
CW : Je détiens deux banques italiennes : UniCredit SPA et Intesa Sanpaolo. Ce sont deux des plus grosses banques commerciales en Italie. Elles se négociaient à des évaluations déprimées, au rabais par rapport à la valeur de leurs actifs sous-jacents. Les deux ont reconstitué leur capital.
PMo : Nous les avons aussi. Cela reflète notre opinion que de nombreux services financiers européens ont été durement frappés par la crise. Nous y avons investi. Le prix des actions n’intégrait que de mauvaises nouvelles et les évaluations étaient convaincantes. Les actions ont augmenté cette dernière année, mais elles sont encore bon marché et nous continuons à en posséder beaucoup. Parmi les banques, nos grosses pondérations sont Lloyds Banking Group, ING Groep et BNP Paribas. Les services financiers représentent plus de 22 % du fonds de l’EAEO.
CW : Je détiens la Lloyds et la BNP.
PMo : Nos avoirs les plus importants dans les assurances sont AXA et Aviva.
CW : Je détiens AXA. Les services financiers se sont bien comportés l’an passé, ce qui reflète que le risque systémique s’est apaisé. De par les évaluations actuelles, leurs actions sont toujours bon marché à comparer de leur valeur historique et de celle de leurs pairs dans le reste du monde. Nous continuons à les aimer.
PMu : Un des avoirs principaux dans la Catégorie Mackenzie Ivy Européen et le Fonds d’actions étrangères Mackenzie Ivy continue à être l’assureur multirisques britannique Admiral Group. C’est une société de haute qualité, qui évolue principalement dans l’assurance automobile et commence à connaître une croissance internationale, bien que le gros de ses affaires soit toujours au Royaume-Uni. Admiral ne cesse de générer des profits de tarification et ne prend pas de risques du côté des placements. La société a une excellente culture d’entreprise.
Q : Et les valeurs industrielles?
PMo : Les valeurs industrielles représentent environ 13 % du produit EAEO. La société française Saint-Gobain, qui fabrique du verre, est un de nos avoirs. Cette société a une grosse présence en Europe et a été durement frappée par la chute boursière. Une grosse part de ses affaires reposait sur la construction et le marché automobile. Ce dernier s’est redressé. La société a réduit ses coûts. Les bénéfices n’ont pas encore récupéré. Au fur et à mesure que l’économie européenne s’améliorera, la société devrait voir une croissance de ses revenus et une amélioration de sa marge bénéficiaire. L’action est encore loin de ses sommets d’il y a cinq ans.
Nous avons développé une participation au secteur des matériaux, mais davantage dans des sociétés de type industriel. Un exemple en est le cimentier allemand HeidelbergCement. C’est un acteur d’envergure mondiale qui dépend de l’activité du secteur de la construction, qui sera un bénéficiaire de l’expansion économique mondiale. Cela n’a pas à être une croissance galopante. Nous n’avons pas trouvé beaucoup de valeur dans les métaux et les mines, mais nous continuons à évaluer ce segment.
CW : Je possède le géant mondial des métaux et des mines Rio Tinto. C’est davantage une mise anticonformiste. L’action est bon marché. Le marché est trop pessimiste sur les marchandises, et surtout de la demande émanant de la Chine. Une action industrielle allemande à moyenne capitalisation sur laquelle je voudrais appeler votre attention est le Groupe NORMA. C’est un chef de file mondial dans la fabrication de pinces et de connecteurs automobiles. Ses produits aident au rendement du carburant et à la protection environnementale.
PMu : Une compagnie de construction suédoise que nous avons ajoutée cette année au fonds européen et au fonds mondial est Skanska. La construction peut être une bonne affaire car les sociétés travaillent souvent avec les capitaux de leurs clients. Il y a plusieurs années, Skanska a presque connu le trépas avec des mécanismes de contrôle du risque et un bilan très mauvais. Elle a fait venir une autre équipe de direction et a pu rectifier la situation.