Pont Ambassador au crépuscule.
Steven_Kriemadis

Le premier ministre Justin Trudeau doit s’entretenir lundi avec le président Donald Trump alors qu’une guerre commerciale s’amorce avec les États-Unis.

Donald Trump a évoqué la tenue de cette conversation après son retour à Washington depuis la Floride, dimanche soir. Le bureau de Justin Trudeau a aussi confirmé qu’un appel était prévu.

S’adressant aux journalistes à la base interarmées Andrews, dimanche soir, le président républicain a affirmé que « le Canada a abusé des États-Unis pendant de nombreuses années », décrivant les relations commerciales entre les deux pays comme une « voie à sens unique ».

Pendant ce temps, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, doit faire plusieurs apparitions dans des émissions d’information américaines pour défendre la cause du Canada.

Ottawa imposera des droits de douane de 25 % sur 30 milliards de dollars (G$) de marchandises en provenance des États-Unis — touchant des centaines d’articles, de la viande et du lait aux tapis et aux rideaux — en réponse aux nouveaux tarifs douaniers américains visant le Canada.

Donald Trump a signé des décrets présidentiels samedi soir pour frapper le Canada de droits de douane de 10 % sur l’énergie et de 25 % sur tout le reste.

La réponse tarifaire initiale du Canada entrera en vigueur mardi, lorsque les tarifs américains seront appliqués.

Dans trois semaines, Ottawa prévoit ajouter 125 G$ supplémentaires de droits de douane sur des centaines d’autres produits américains après avoir consulté l’industrie.

Justin Trudeau a déclaré que des mesures non tarifaires supplémentaires, y compris certaines liées aux minéraux critiques, à l’énergie et aux marchés publics, font l’objet de discussions entre le fédéral et les provinces.

Trump admet que les Américains pourraient souffrir des tarifs

Le président américain Donald Trump a reconnu dimanche que les Américains pourraient un peu pâtir de la guerre commerciale qu’il a initiée avec le Canada, le Mexique et la Chine en imposant de nouveaux tarifs douaniers.

Il a aussi prétendu que le Canada cesserait d’exister si ce n’était de son excédent commercial avec les États-Unis.

La décision de Donald Trump d’imposer de nouveaux tarifs a suscité des réactions de colère et d’incertitude sur tout le continent nord-américain. Elle menace de mener à la fin de l’entente commerciale régnant sur le continent tout en nuisant aux relations entre les États-Unis et la Chine.

Et le président, qui vantait sa capacité à réaliser ses promesses électorales, pourrait s’être lui-même placé dans l’incapacité à réduire le coût de la vie des Américains.

« Est-ce qu’on va souffrir ? Oui, peut-être (ou peut-être non !), a-t-il crié sur un message diffusé sur le réseau social Truth Social. Nous allons rendre sa puissance aux États-Unis. Ça vaudra la peine de payer le prix. »

Mais son administration n’a pas précisé jusqu’à quelle hauteur les prix pourraient s’envoler. Elle n’a pas non plus indiqué ce que le Canada et le Mexique devront vraiment faire pour que ces tarifs ne soient plus imposés.

Dans sa déclaration, Donald Trump a semblé diriger sa colère contre le Canada, qui a déjà annoncé des mesures de représailles.

« Nous n’avons pas besoin de leurs produits. Nous avons un accès illimité aux ressources énergétiques, nous avons nos propres autos et nous avons tout le bois dont nous avons besoin », a-t-il lancé.

Mais en réalité, plus du quart du pétrole consumé quotidiennement aux États-Unis provient de son voisin du nord.

Donald Trump a prétendu que sans son excédent commercial au détriment des États-Unis, « Le Canada cesserait d’exister en tant que pays viable. C’est dur, mais c’est vrai. En conséquence, le Canada devrait devenir notre 51e État. Ses taxes seraient plus basses et le peuple canadien bénéficierait d’une meilleure protection militaire. Et il n’y aurait pas de tarifs ! »

Des experts ont souligné que les nouveaux tarifs américains pourraient nuire à ceux dont Donald Trump dit vouloir aider.

Par exemple : une analyse réalisée par le Budget Lab de l’Université Yale, signale que le ménage américain moyen pourrait perdre environ 1245 $ en 2025. C’est l’équivalent d’une hausse d’impôt totalisant 1,4 mille Justin Trudeau G$ US au cours des dix prochaines années.

La banque d’investissement Goldman Sachs a indiqué dans une analyse transmise dimanche que les tarifs entreront vraiment en vigueur dès mardi, mais, optimiste, elle n’écarte pas complètement la possibilité d’un compromis de dernière minute.

Elle conclut qu’en raison des problèmes commerciaux qu’ils risquent d’engendre, il « est plus que probable que ces tarifs seront temporaires, mais l’avenir est incertain ».