Le consensus des économistes et des investisseurs prévoit que la Banque du Canada laissera le taux directeur à 1%. En analysant le marché des contrats à terme, Capital Economics constate que le marché estime les probabilités d’une hausse de 0,25 point de pourcentage à seulement 22%.
Les négociations serrées sur la refonte de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) amènent un risque trop grand pour agir maintenant, croit Derek Holt, de la Banque Scotia. «Je crois foncièrement que la croissance économique et les fondamentaux de l’inflation militent en faveur d’une hausse dans un monde où les politiques commerciales resteraient les mêmes, commente-t-il. Par contre, les risques que les négociations de l’ALÉNA amènent des perturbations macro-économiques qui assombriraient les perspectives de croissance se sont grandement accrus par rapport à nos prévisions originales.» Le statu quo devrait donc se maintenir en octobre.
Et l’ALENA n’est pas le seul risque à prendre en compte, poursuit Avery Shenfeld, de la Banque CIBC. Les nouvelles règles hypothécaires auront également un impact économique que l’équipe de Stephen Poloz, le gouverneur de la Banque du Canada, n’est pas encore en mesure d’évaluer, selon lui. La même chose peut être dire pour l’augmentation du salaire minimum prévue en Ontario.
Au Canada, mais aussi à travers le monde, certains se demandent si l’ancienne corrélation entre l’inflation et la croissance économique demeure encore valide, ajoute l’économiste. «Chez nos voisins du sud, la progression des prix et des salaires est faible lorsqu’on prend en compte le faible taux de chômage ».
Pendant que M. Poloz doit composer avec cette incertitude, l’urgence de resserrer la politique monétaire ne semble pas là. «L’inflation demeure sous la cible de la Banque du Canada et elle s’y trouve depuis longtemps, constate M. Shenfeld. Il n’y a pas de raisons de paniquer quant à une possible surchauffe inflationniste.»
Outre les facteurs macro-économiques, la capacité des ménages à tolérer d’autres augmentations des taux d’intérêt soulève également des questions. La nervosité gagnerait les Canadiens, selon un sondage du syndic de faillite MNP publié lundi. Quatre Canadiens sur dix pensent que d’autres hausses pourraient leur apporter des «problèmes financiers», toujours selon le coup de sonde. Le tiers affirment déjà sentir les effets des hausses de juillet et de septembre.
Les avis sont plus partagés pour la suite de choses. David Madani, de Capital Economics, suggère de ne pas «parier trop gros sur une hausse des taux d’intérêt d’ici la fin de l’année ou même l’an prochain».
M. Holt croit, pour sa part, que le prochain resserrement de la politique monétaire aura lieu en décembre, quoique son assurance de voir sa prévision réalisée s’est amenuisée.