«C’est relativement simple, lance d’entrée de jeu Carlos Leitao, stratège et économiste en chef à la Banque Laurentienne. Les taux d’intérêt en général ne devraient pas trop augmenter. Les taux à court terme, eux, vont demeurer là où ils sont.»
«On ne s’attend à aucun changement pour les taux d’intérêt à court terme», confirme pour sa part Robert Hogue, économiste principal à la Banque Royale du Canada.
Même son cloche du côté de Desjardins. «La Banque du Canada a clairement signalé qu’elle n’est pas pressée de relever son taux directeur, explique Mathieu D’Anjou, économiste principal au Mouvement. Les banquiers centraux demeurent très prudents. Ils veulent s’assurer que la reprise économique se poursuive.»
C’est plutôt en 2015 que le taux de financement à un jour devrait augmenter. Toutefois, tous ne s’entendent pas sur le moment de l’année où la hausse pourrait se produire.
Paul-André Pinsonnault, économiste principal revenu fixe à la Banque Nationale, et Guy Phaneuf, directeur général instruments de dettes chez BMO, misent sur le début de l’année prochaine alors que Robert Hogue et Mathieu d’Anjou entrevoient plutôt la mi-2015.
Pour Carlos Leitao et Charles E. Martin, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez TD, une hausse devrait survenir vers la fin de 2015.
Les taux à long terme devraient continuer leur progression entamée en 2013. La hausse sera cependant très limitée. «Ce sera très graduel, souligne Mathieu D’Anjou. L’économie mondiale s’améliore et la Réserve fédérale américaine va limiter ses achats d’obligations. J’estime que le taux 10 ans canadien sera d’environ 3,4% à la fin de l’année.»
Une prévision qui se retrouve à peu près dans la moyenne des experts consultés. L’estimation la plus basse provient de la TD, à 3,1% d’ici la fin de 2014, et la plus élevée, de la Laurentienne, à 3,6%. Paul-André Pinsonnault opte quant à lui pour 3,35%.
Titres à revenus fixes
Du coup, le marché des titres à revenu fixe s’annonce peu séduisant en 2014. Au point où les investisseurs devraient même «sous-pondérer cet aspect dans leurs portefeuilles, pense Carlos Leitao. Pour l’expert, s’il y a tout de même de la place pour ce genre de titres, il faut veiller à favoriser les obligations corporatives aux dépens de celles émises par les gouvernements.»
Si ce type d’obligation s’avère plus risqué, «c’est un bon placement compte tenu du stade du cycle économique dans lequel nous sommes, affirme Charles E. Martin. D’ailleurs, on devrait privilégier les entreprises dont les revenus augmentent, pour profiter d’une hausse probable des dividendes.»
Le franc-tireur
S’il admet que le consensus actuel veut que le taux directeur demeure stable cette année, Guy Phaneuf, directeur général instruments de dettes chez BMO, a émis une opinion dissidente.
«Si l’inflation continue de baisser, et que le dollar canadien retourne à la hausse, je ne serai pas du tout surpris de voir la Banque du Canada diminuer les taux, confie l’expert. Peut-être par une diminution de 25 points de base. Le mot « déflation » commence à sortir, et je sens que ça inquiète beaucoup de monde, dont Stephen Poloz, le gouverneur de la Banque du Canada.»
«Ce n’est que mon opinion personnelle, admet Guy Phaneuf. Mais à mon avis, il n’y a pas de fumée sans feu.»
Photo : Bloomberg