C’est du moins ce qu’affirme Ed Devlin, gui gère pour 17G$ d’actifs pour le géant obligataire PIMCO.
À son avis, la Banque du Canada sera bientôt forcée d’avertir dans ses prochaines communications qu’elle relèvera les taux d’intérêt dès que les conditions le permettront afin d’éviter qu’une bulle immobilière ne se forme au pays.
Depuis octobre dernier, le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, avait retiré de ses communications la mention à l’effet que la politique monétaire se resserrerait, car il y a avait des capacités de production excédentaires dans l’économie canadienne. Autrement dit, les usines ne tournent pas à plein régime et le marché de l’emploi s’est montré très chancelant.
La perspective d’une hausse des taux éloignée a contribué à affaiblir le huard par rapport à la devise américaine et a aidé à relancer les exportations. Mais elle a aussi incité les ménages de plusieurs régions du pays à investir dans l’immobilier et à remplir leurs cartes de crédit.
«On se retrouve avec un actif surévalué qui peut subir une correction ordonnée ou désordonnée. Plus les taux d’intérêt restent à un niveau aussi faible, plus les gens s’endettent et plus grande est la probabilité que ça devienne désordonné», a dit M. Devlin mardi devant des financiers réunis dans le cadre de la conférence sur les revenus fixes organisée par Bloomberg.
M. Devlin juge que les prix de l’immobilier sont surévalués de 10% à 20% au Canada. Et selon lui, le maintien des bas taux pourrait faire grimper cette surévaluation à 30%. L’indice des prix Teranet-Banque Nationale, qui mesure les prix des maisons dans les principaux marchés du pays, a touché un nouveau sommet en août. [NDLR: M. Devlin n’a pas fait de distinction régionale. Or, les prix semblent plus gonflés à Toronto, Calgary et Vancouver que dans les principaux marchés du Québec]. Sur les 12 derniers mois terminés en août, les prix ont notamment progressé de 7,9% à Calgary, de 6,7% à Toronto et Hamilton, et de 6,1% à Vancouver. Ils n’ont monté que de 1,1% à Montréal, tandis qu’ils ont fléchi de 0,1% à Québec.
Bien que M. Devlin ne prévoit pas que les taux remonteront avant la deuxième moitié de 2015, il croit que la réintroduction de termes laissant entrevoir un resserrement de la politique monétaire aura un effet sur les taux des obligations. Par ricochet, les coûts de financement pourraient augmenter pour les banques et les particuliers.
Selon les économistes sondés par Bloomberg, la première hausse du taux directeur devrait intervenir dans la deuxième moitié de 2015.