Le pays a perdu au net 6400 postes au cours du dernier mois, tandis que les économistes attendaient plutôt un déclin de 10000 emplois. Le taux de chômage est demeuré stable à 6,8%.
Certaines provinces ont enregistré des pertes plus lourdes, dont le Québec, qui a perdu au total 33300 postes. Lisez notre article à ce sujet.
Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins, figure parmi les économistes qui anticipent une autre baisse du taux directeur. «Le bulletin de santé du marché du travail au Canada pour juin est conforme aux attentes. Toutefois, le regard sur un horizon plus large permet de voir que la création d’emplois a ralenti au cours des derniers mois et ce diagnostic s’ajoute à celui de la réduction de cadence du côté des exportations, des investissements et du PIB réel. Ces constats s’additionnent comme autant de raisons qui devraient pencher en faveur d’une réduction du taux directeur de la part de la Banque du Canada la semaine prochaine.»
Dawn Desjardins, économiste en chef adjoint chez RBC, abonde dans le même sens. «Nous prévoyons que la Banque du Canada annoncera mercredi prochain lors du dévoilement de sa politique monétaire une baisse de 25 points de base du taux directeur, lequel devrait contribuer à raffermir la croissance dans la deuxième moitié de l’année», écrit-il dans une note publiée après les données sur l’emploi.
David Doyle, de Macquarie Capital Markets, croit également que l’institution dirigée par Stephen S. Poloz décrétera une nouvelle détente des conditions de crédit la semaine prochaine, en raison du recul du PIB en avril, qui devrait mener à une contreperformance au chapitre de la croissance au deuxième trimestre.
Arlene Kish, économiste principale pour la firme américaine IHS, croit aussi que «les chances sont grandes que la Banque du Canada réduise son taux directeur la semaine prochaine».
Des doutes
Il y a unanimité ou presque. Douglas Porter, économiste en chef chez BMO, avait déjà prédit une diminution du taux directeur avant le bulletin de l’emploi publié ce matin. Il maintient sa prévision, mais se montre plus déchiré. «Le rapport d’aujourd’hui contribue peu à faire avancer la cause d’une baisse des taux d’intérêt», écrit-il.
L’économiste souligne plusieurs éléments favorables au chapitre du marché du travail, notamment la vigueur de l’emploi à temps plein et les hausses de salaire.
«L’emploi est en hausse de 1% par rapport à l’an dernier, le taux de chômage est en baisse de 0,2% et le nombre d’heures travaillées, de 2,1%. Récession? Je ne pense pas», résume M. Porter.
Stéphane Marion et son équipe d’économistes de la Banque Nationale, sont plus catégoriques. Ils soulignent que les secteurs sensibles aux taux d’intérêt (automobiles, logement, etc.) ont fortement rebondi au deuxième trimestre et que des incitations budgétaires sont imminentes. Dans ce contexte, «nous ne croyons pas qu’une baisse de taux est justifiée à ce moment-ci», écrivent-ils.
Nous l’avions prévu il y a quelques semaines, le débat à propos des taux n’a cessé de s’accentuer chez les économistes. Les dirigeants de la Banque du Canada auront de nombreux éléments avec lesquels jongler avant de prendre leur décision. Encore récemment, un économiste de Desjardins affirmait que la Banque du Canada ne devait pas abaisser son taux directeur.
La vigueur du marché immobilier canadien est un autre facteur important. Une nouvelle réduction des conditions de crédit pourrait alimenter une surchauffe dans certains marchés, dont le bouillonnant Toronto. Lisez notre texte publié plus tôt cette semaine qui témoigne du regain de vigueur de l’immobilier au pays.
Le nouveau recul du dollar canadien (il baisse de 0,20% à 78,54 cents US à mi-journée vendredi), pourrait enfin jouer en partie le rôle recherché par la Banque du Canada lorsqu’elle assouplit les conditions de crédit.