Quelques tendances de fond initiées en 2018 devraient s’accentuer au cours de l’année 2019, prévoit WisdomTree Canada. Voici les principales qui ont été relevées par ce manufacturier de fonds négociés en Bourse (FNB).
1. On vendrait des fonds communs pour acheter des FNB
Du 1er janvier au 31 octobre 2018, les FNB canadiens ont affiché des ventes nettes de 16,48 G$, selon l’Association canadienne des FNB. Durant la même période, les ventes nettes de fonds communs de placement (FCP) canadiens s’élevaient à 10,39 G$, selon l’Institut des fonds d’investissement du Canada.
Or, pour les mois de septembre et d’octobre dernier, les FCP ont affiché des rachats nets de 1,55 G$ et 3,57 G$, respectivement, tandis que les FNB ont enregistré des ventes nettes 592 M$ et 1,38 G$, respectivement.
WisdomTree semble interpréter cette situation comme un transfert d’actif des FCP vers les FNB : « Les actifs du secteur des fonds canadiens continueront de passer des fonds communs de placement aux FNB », d’après l’analyse de ce manufacturier de fonds.
« WisdomTree a longtemps émis l’hypothèse que les avantages conférés par les FNB, allant de la liquidité intrajournalière au coût en passant par les avantages fiscaux, susciteraient une migration naturelle depuis les fonds communs de placement. Bien qu’il semble évident que les actifs des FNB continueront de contribuer à l’érosion des parts de marché des fonds communs de placement, un scénario mettant en jeu un marché baissier ou une correction est susceptible d’agir à titre de catalyseur d’un tel transfert d’actifs dans un effort visant à minimiser les gains en capital », lit-on dans l’étude.
Les clients auront aussi accès à davantage de produits notaveurs en 2019, selon WisdomTree, car « les investisseurs sont de plus en plus friands de solutions offrant un alpha à faible coût »
2. Les petits acteurs gagneront des parts de marché
Selon WisdomTree, les émetteurs de FNB ayant le moins d’actif sous gestion continueront de gruger des parts de marché aux principaux manufacturiers de FNB.
« L’érosion régulière de la puissance oligopolistique entre les principaux fournisseurs est également un autre développement prometteur pour le secteur. Aussi récemment qu’en 2014, bon nombre des joueurs d’aujourd’hui n’avaient pas encore de FNB à la Bourse de Toronto. Cela laissait bien peu d’options, l’Association canadienne des FNB ayant déterminé à l’époque que près de neuf dollars sur dix (89 %) investis étaient gérés par seulement trois fournisseurs. »
À la fin d’octobre 2018, BlackRock, BMO Gestion mondiale d’actif et Vanguard Canada affichaient une part de marché cumulative de 78 % des actifs gérés en FNB canadiens.
Ces dernières années, la proportion d’actifs gérés par d’autres acteurs que ces trois principaux fournisseurs a donc doublé de 2014 à 2018.
On compte environ 33 manufacturiers de FNB au Canada. Or, les dix fournisseurs suivants en importance (dont WisdomTree) sont ceux qui ont accru le plus leur part de marché.
« Les dix fournisseurs suivants en importance (dont WisdomTree) ont accru leur part de marché, qui atteignait 20,1 % des actifs sous gestion de l’ensemble du secteur au troisième trimestre de 2018, en hausse par rapport aux 17,4 % enregistrés à la clôture de 2017 et aux 14,1 % un an auparavant », lit-on dans l’étude de WisdomTree.
3. Le retour du style valeur?
Aux États-Unis, l’intensité des pertes sur les marchés boursiers a surpris bon nombre d’investisseurs, selon WisdomTree : « Il s’agit exactement là du genre de turbulences susceptibles de bousculer l’ordre établi depuis de nombreuses années. Un tel changement pourrait mener vers une période au cours de laquelle le rendement des titres de valeur excéderait celui des titres de croissance. »
Aux États-Unis, les titres de croissance ont excédé le rendement des titres de valeur de 145 % sur une base cumulative au cours des douze dernières années, selon un WisdomTree. Ce développement « commence à rivaliser avec l’époque à laquelle les titres de Nortel et des point.com dominaient les marchés, il y a une génération. »
4. La hausse des taux complique la donne
Plusieurs anticipent que la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada continuent de majorer leur taux directeur respectif.
Or, la perspective de taux potentiellement plus élevés en 2019 gardera les investisseurs obligataires sur la défensive. Rappelons qu’une hausse des taux d’intérêt entraîne une baisse du prix des obligations, ces deux variables évoluant dans une relation inverse.
Pour se prémunir contre cette hausse de taux, WisdomTree met de l’avant les FNB ayant une très courte échéance, comme le FINB global des obligations à court terme du Canada à rendement amélioré WisdomTree.
Une autre stratégie pour taux haussiers éprouvée consiste à utiliser la stratégie de l’haltère, laquelle allie un instrument à courte duration pour la protection des taux à un véhicule à plus longue duration pour les besoins en revenus.
Rappelons que la stratégie de l’haltère consiste, pour un investisseur, à s’exposer aux obligations situées deux extrémités de la courbe des taux d’intérêt, et à délaisser les obligations d’échéance moyenne, d’où la forme d’un haltère.
Le gestionnaire de portefeuille Alfred Lee, de BMO Gestion d’actifs, y faisait référence dans un récent article de Finance et Investissement sur les stratégies de revenu fixe.
5. Occasions dans les marchés émergents
L’année 2019 sera l’année au cours de laquelle les titres des marchés émergents se démarqueront par rapport aux titres canadiens, estime WisdomTree.
Par exemple, le fonds EMV.B, qui suit l’indice WisdomTree Emerging Markets Dividend Index CAD, s’échange à un ratio cours/bénéfice de tout juste 9,1 assorti d’un rendement en dividendes d’un peu moins de 5 %, note l’émetteur de fonds. À des fins comparatives, l’indice composé S&P/TSX est offert à 14,3 fois le bénéfice et est assorti d’un bénéfice excédant tout juste 3,2 %, d’après cette firme.
« Les données du marché canadien des actions sont satisfaisantes, mais ne s’approchent aucunement des faibles valorisations des marchés émergents. À des fins contextuelles, les mesures d’évaluation des marchés émergents de WisdomTree ont atteint des niveaux rivalisant avec ceux observés en plein cœur de la débâcle suivant la faillite de Lehman [Brothers] », lit-on dans l’analyse de WisdomTree.