Le gouverneur de la Banque du Canada (BdC) a fait valoir que le relèvement du taux d’intérêt directeur de la banque centrale pouvait être coûteux pour les ménages, mais qu’attendre plus longtemps avant d’agir aurait été plus coûteux pour le pays.
Tiff Macklem a souligné que l’augmentation du taux directeur se traduirait par une hausse des taux d’intérêt pour les ménages et les entreprises canadiennes.
Mais le pays est en mesure d’y faire face, a souligné Tiff Macklem, notant que l’économie a atteint sa capacité de production, que la croissance a été plus forte que prévu et que la demande pour les biens reste élevée.
Selon lui, le pays a besoin de taux d’intérêt plus élevés pour freiner la croissance des dépenses, afin que la demande ne dépasse pas considérablement l’offre et n’alimente pas davantage une inflation déjà élevée.
Tiff Macklem a indiqué que l’élargissement des pressions sur les prix était une grande préoccupation pour la banque centrale, tout comme la crainte que les Canadiens commencent à s’attendre à ce que l’inflation reste plus élevée plus longtemps.
Il affirme que l’histoire a déjà démontré que lorsque les attentes d’inflation ne sont pas retenues, il devient beaucoup plus coûteux de ramener l’inflation à la cible de la Banque du Canada.
La Banque du Canada a relevé mercredi son taux cible du financement à un jour à 0,50 %, le faisant grimper d’un quart de point de pourcentage par rapport à sa valeur plancher.
Il s’agissait de sa première augmentation depuis que la Banque du Canada a considérablement réduit le taux directeur à 0,25 %, en mars 2020, pour contrer le choc économique du début de la pandémie de COVID-19.
Depuis, l’économie a rebondi rapidement. Tiff Macklem a noté qu’après une solide fin d’année — l’économie canadienne a crû au rythme annualisé de 6,7 % pendant les trois derniers mois de 2021 –, la banque centrale estime désormais que la croissance au premier trimestre 2022 sera plus forte que prévu.
Cascades de hausses de prix
La banque a également revu à la hausse ses perspectives d’inflation. Cette dernière se situe à un sommet de trois décennies et est également plus forte que ce que la banque avait prévu il y a six mois.
Dans son discours virtuel de jeudi, destiné à CFA Society Toronto, Tiff Macklem a évoqué les éléments qui font grimper l’inflation au pays.
Il a souligné la hausse des prix du pétrole, qui font grimper les coûts de transport qui, à leur tour, font grimper les prix des biens de consommation, y compris ceux des aliments. Ces prix grimpent maintenant encore plus haut en raison de l’incertitude créée par l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie.
Il y a également eu un changement de tendance mondial pendant la pandémie, qui a vu les biens être privilégiés par rapport aux services, et ceux-ci sont devenus plus difficiles à trouver grâce en raison des problèmes de chaînes d’approvisionnement, qui ont fait grimper les prix quotidiens sur une plus large sélection de biens utilisés de tous les jours. Les prix des produits d’épiceries affichaient notamment une croissance de 6,5 % sur un an au Canada en janvier.
« Cette généralisation des pressions sur les prix est extrêmement préoccupante. Il devient plus difficile pour les consommateurs canadiens d’échapper à l’inflation, quelle que soit leur patience ou leur prudence », a affirmé Tiff Macklem dans le texte de son discours.
Avec de solides dépenses de consommation, qui devraient se raffermir encore, la préoccupation est que de trop grandes sommes d’argent utilisées pour acheter trop peu de biens viennent ajouter à l’inflation.
Tiff Macklem note que la forte inflation observée ces jours-ci pourrait s’aggraver à mesure que les dépenses de consommation augmentent. Selon lui, le pays a besoin de taux d’intérêt plus élevés dès maintenant, pour freiner la croissance des dépenses afin que la demande ne dépasse pas considérablement l’offre.
« Pour les ménages et les entreprises qui subissent déjà les effets de l’inflation, une hausse des coûts d’emprunt sera ressentie encore plus directement, a affirmé Tiff Macklem dans son discours. Mais le resserrement de la politique monétaire est nécessaire pour pouvoir réduire le nombre de composantes de l’inflation qui sont influencées par la demande intérieure. »
Le gouverneur dit que le taux de référence de la banque centrale devra encore augmenter. Parallèlement aux hausses de taux, il note également que la banque finira par cesser d’acheter des obligations fédérales dans le cadre de ce que l’on appelle un « resserrement quantitatif », ce qui aura pour effet d’exercer une pression à la hausse supplémentaire sur les taux d’intérêt.