Depuis le mois d’avril, l’indice S&P 500 de la Bourse de New York s’est apprécié de 5,5 %. Durant la même période l’indice torontois S&P/TSX a perdu 4,5%. On pourrait croire que les investisseurs canadiens qui détenaient des actions américaines ont obtenu un rendement de 10% supérieur à ceux qui détenaient des actions canadiennes. Mais ce ne fut pas du tout le cas à cause du dollar canadien qui est passé de 0,73 $ US à 0,82 $ US, soit une appréciation de 12,3% qu’il faut soustraire du rendement des actions américaines pour le détenteur canadien.
Si le dollar canadien est si fort, c’est que la BdC a fait un virage à 180 degrés, explique Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins et expert du marché des devises. «En début d’année, personne ne prévoyait que la BdC allait augmenter les taux d’intérêt cette année», dit-il. Mais c’est tout le contraire qui s’est produit. Après une première hausse en juillet, la banque centrale a procédé à une seconde hausse le 6 septembre.
Depuis que Stephen Poloz, gouverneur de la BdC, a à toute fin pratique télégraphié lors d’une conférence au début de mois de juin qu’il allait hausser le taux directeur, les taux obligataires canadiens ont augmenté de façon significative comparativement à ceux des obligations américaines. Ce faisant, le dollar canadien est devenu plus intéressant pour les investisseurs étrangers, d’où son appréciation remarquable des derniers mois. «Les écarts de taux sont souvent la principale cause des mouvements sur le marché des devises», dit Hendrix Vachon.
Il semble que cette appréciation du huard ne durera pas qu’un moment. «C’est une très forte confiance en l’économie canadienne qui a amené les gens de la BdC à hausser les taux d’intérêt deux fois en l’espace de huit semaines», dit Sébastien Lavoie, économiste en chef Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Les chiffres démontrent bien la force de l’économie canadienne. Statistique Canada annonçait la semaine dernière que le taux de croissance du PIB avait été de 4,5% au deuxième trimestre après une embellie de 3,7% lors des trois mois premiers de l’année.
Plusieurs économistes prévoient maintenant que la prochaine hausse de taux de la BdC ne saurait tarder. «L’écart de production est à présent totalement résorbé après un premier semestre vigoureux», explique Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. «La voie est donc libre pour une prochaine hausse de taux avant la fin de l’année», dit-il.
Que faire alors de vos actions américaines?
La meilleure façon de se protéger contre les mouvements de devises tout en conservant la même répartition géographique de son portefeuille est d’investir une partie du capital dans les fonds négociés en bourse couverts pour la devise, explique Daniel Chartier, vice-président et conseiller financier chez Desjardins.
Par exemple, le XSP est un fonds qui vise à reproduire le rendement du S&P 500 tout en utilisant des produits dérivés pour éliminer l’effet de la devise. Et il en existe plusieurs autres portant sur des segments spécifiques du marché boursier
Mais après une telle hausse du huard, est-il toujours opportun de se protéger contre une éventuelle poursuite de ce phénomène?
Probablement que oui, bien qu’il soit toujours difficile de prévoir l’évolution du marché des devises, croit Daniel Chartier. «L’économie canadienne est actuellement très vigoureuse à un moment où le dollar américain semble vouloir jouer de moins en moins le rôle de valeur refuge. Ces deux facteurs mis ensemble jouent en faveur du dollar canadien», dit-il.