L’utilisation dans les fonds communs d’alternatives liquides, qui fournissent une diversification dépassant le cadre des marchés publics, mettent en jeu des stratégies fondées sur les produits dérivés ainsi que des actions privées et des titres de créances privés. C’est un domaine des placements qui a augmenté de façon exponentielle ces cinq dernières années dans le marché mondial, et surtout aux États-Unis. À en croire la société de consultants new-yorkaise Strategic Insight, ces alternatives représentent environ 350 milliards de dollars américains ($US) en actifs détenus par des particuliers américains.
« Et ça, c’est pratiquement à partir de zéro, dit M. Ben Cheng. Mais aux États-Unis, ils ont un ensemble de règles et de consignes beaucoup moins contraignantes. Au Canada, nous devons toujours maintenir les restrictions dont s’accompagnent les fonds communs. »
Aston Hill utilise activement des alternatives liquides dans certains de ses fonds depuis la fin de 2010. Au début de 2014, la firme, sous l’égide de M. Cheng, a fait un effort délibéré pour utiliser des alternatives liquides dans tous ses fonds communs.
Bien que le montant de capitaux affecté à ces stratégies varie d’un fonds à l’autre, les soi-disant fonds de base d’actions, de revenu et équilibrés de la firme utilisent activement des alternatives liquides. Cela comprend le dernier en date des membres de cette famille de fonds : le Fonds de revenu élevé Aston Hill qui a été lancé le 2 novembre et dont M. Cheng assure la supervision.
Ceux qui créent la demande pour les alternatives liquides aux États-Unis, dit M. Cheng, ce sont des investisseurs qui veulent faire baisser le degré de corrélation entre leurs placements et les hauts et les bas des marchés financiers en général. « Ils cherchent à ce que leurs gestionnaires de fonds se concentrent davantage sur les rendements absolus plutôt que sur les rendements relatifs », dit M. Cheng, vétéran de 25 ans de l’industrie des fonds communs qui est entré à Aston Hill en 2007.
« Alors, si le marché est en baisse de 20 % et que votre fonds l’est de 18 %, vous n’êtes pas gagnant, dit-il. Mais si la baisse de votre fonds n’est que de 2 %, c’est considéré comme une victoire. On peut s’accommoder d’une perte de 2 % mais une perte de 20 % est plus difficile à accepter. »
Au Canada, note M. Cheng, les gestionnaires de fonds qui emploient des alternatives liquides sont astreints à un maximum de ventes à découvert de 20 %, et à la différence de leurs homologues américaines, ne peut pas utiliser l’effet de levier. De plus, les options de vente doivent être couvertes en argent liquide, c’est-à-dire que les options de vente non couvertes ne sont pas autorisées.
M. Cheng dit que les alternatives liquides ont un double objectif : une protection à la baisse du capital des investisseurs et un revenu supplémentaire. Dans le premier cas, M. Cheng et son équipe tirent profit de périodes de faible volatilité en achetant une protection lorsque ce n’est pas cher et que le marché se ressaisit. « Nous pouvons assurer la protection d’un grand pourcentage de nos placements dans cet environnement. »
Par exemple, quand le marché baisse de 8 % et qu’il y a une escalade de la volatilité, l’équipe commence à ôter sa protection et par là même réalise un profit. « Quand la volatilité chute, nous ajoutons une assurance. Quand elle monte, nous gagnons de l’argent avec l’assurance et commençons à la désactiver. C’est un processus dynamique. »
Deuxièmement, les gestionnaires cherchent à assurer un revenu en utilisant des options de vente. Par exemple, ils vendront des options de vente à 15 % ou 20 % de moins que le prix de l’action de plusieurs grandes sociétés américaines de services financiers. En retour, ils recueillent de 50 à 60 points de base de revenu. « Nous n’avons pas alors une position acheteur, mais nous obtenons une prime de 50 à 60 points de base », dit M. Cheng, ajoutant qu’il a tendance à émettre des options de vente plutôt que des options d’achat.
« Nous pensons toujours qu’il y a un potentiel haussier dans les services financiers, alors nous achetons certaines options d’achat ou carrément des FNB de services financiers. Si les actions se redressent alors que les taux d’intérêt fédéraux augmentent, nous en profitons parce que le FNB se redresse. Et nous avons ajouté de 50 à 60 points de base de revenu. Aston Hill met habituellement des options en vente pendant de courtes périodes. »
Un autre objectif des alternatives liquides est d’obtenir une participation à une action donnée. M. Cheng le fait en émettant une option de vente, ce qui permet à l’équipe de récolter de 30 à 40 points de base et d’acheter l’action lorsqu’elle baisse jusqu’à un cours cible. « Vous n’obtenez aucune participation à moins que l’action baisse de 5 % et atteigne votre cours cible. » En fait, dit M. Cheng, le processus « crée une discipline pour notre méthode d’achat et de vente. Il permet aussi d’ajouter un revenu au portefeuille. Actuellement, nous sommes très actifs du côté des options. »
Bien qu’Aston Hill n’ait pas actuellement recours à la vente à découvert, M. Cheng pense qu’il devrait utiliser cette stratégie pour un maximum de six à 10 % du nouveau fond. Les actions privées sont un autre article dans la panoplie des alternatives liquides, bien que selon M. Cheng il n’y a qu’une société immobilière industrielle privée dans le portefeuille. Cet avoir américain paie un dividende de 8 %.
Les titres de créances privés sont un autre outil d’alternative liquide, et M. Cheng en détient un seul, qui paie aussi un rendement de 8 %. Lorsque l’obligation arrivera à échéance dans 42 mois et que la firme aura atteint toutes ses cibles, Aston Hill recevra un paiement supplémentaire de 20 %.
Aston Hill limite les actions privées et les titres de créances privés à 10 % du portefeuille à revenu fixe. Ces derniers temps, leur pourcentage était de moins de 3 %. « Aussi longtemps que nous gérons ces sociétés et que nous savons qu’elles continueront à payer le coupon ou les dividendes, les évaluations seront stables », dit M. Cheng.