Cette estimation, publiée dans un rapport rendu public jeudi matin, est la combinaison de toutes les dépenses fédérales en aide d’urgence, estimée à 169 G$, et d’une baisse historique de la production pendant que l’économie était « en pause ».
Le Bureau du directeur parlementaire du budget estime qu’il pourrait y avoir une contraction de l’économie de 6,8% en 2020. Il s’agirait ainsi du résultat du PIB réel le plus faible enregistré depuis 1981 et le double de la contraction record de 3,2% affichée en 1982.
Le déficit global n’est supérieur que de 3,8 G$ par rapport aux prévisions précédentes du DPB. Yves Giroux attribue ce faible écart à de meilleures perspectives économiques au second semestre, qui compensent de nouvelles dépenses. M. Giroux estimait auparavant que l’économie pourrait se contracter de 12 % en 2020.
Le DPB estime que la hausse du déficit budgétaire et la forte diminution du PIB nominal feront passer le ratio de la dette fédérale au PIB à 44,4 % en 2020-2021. « La dernière fois que le ratio de la dette fédérale au PIB a atteint plus de 44,4 %, c’était en 2001-2002, note le rapport du DPB. Il demeure toutefois bien en deçà du sommet de 66,6 % atteint en 1995-1996. »
Le DPB rappelle que ces chiffres sont le résultat d’un des nombreux scénarios possibles et non d’une prévision assurée.
Le rapport est publié au lendemain de la promesse faite par le premier ministre Justin Trudeau de livrer, le 8 juillet, un « portrait » des finances fédérales, qui fournira des estimations de dépenses à court terme. M. Trudeau a prévenu que le document ne fournirait pas de perspectives à plus long terme à cause de l’incertitude quant à l’orientation de l’économie dans les mois et les années à venir, le tout reposant sur l’évolution de la pandémie.
Les libéraux ont subi des pressions de la part des partis d’opposition pour qu’ils publient une mise à jour économique, voire un budget, qui ont été reportés en raison de la pandémie. Le gouvernement avait initialement prévu de déposer un budget à la fin de mars. Depuis lors, les députés ont approuvé des dépenses d’urgence pour fournir de l’aide aux Canadiens qui ont perdu leur emploi ou dont les heures ont été réduites, et du financement pour les entreprises fermées en raison de restrictions de santé publique.
Yves Giroux publie également jeudi une mise à jour des estimations de coûts pour deux des programmes phares que les libéraux ont mis en place et sont en train de réorganiser: la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et la Subvention salariale d’urgence.
Le DPB estime maintenant que la PCU de 2000 $ par mois coûtera 61,1 G$ au gouvernement, mais rapportera 7,7 G$ en recettes fiscales, lorsque les bénéficiaires seront imposés sur le revenu l’année prochaine. Les libéraux ont par ailleurs promis de prolonger la PCU jusqu’à la fin d’août, afin que les bénéficiaires puissent la recevoir pendant 24 semaines, plutôt que 16; ils ont déjà révisé le budget de ce programme à 60 G$.
Lorsque le ministère des Finances a augmenté le budget de la PCU, il a également abaissé le coût du programme de subvention salariale de 73 G$ à 45 G$, pour tenir compte du taux de participation des entreprises, plus faible que prévu. Le bureau de M. Giroux estime que la Subvention salariale d’urgence coûtera 55,6 G$ au trésor public.