« Les sociétés qui ont des marques bien établies à un prix moins élevé, comme celles qui vendent du scotch haut de gamme ou des bières de qualité supérieure, ont beaucoup plus de champ pour se développer dans les économies émergentes que celles dont les marques se vendent très cher, comme les véhicules de luxe », note-t-il.
La classe moyenne est en pleine croissance dans ces pays, et la demande de ce que l’on perçoit comme des « articles de luxe abordables » se poursuit à bon train, dit-il.
Cela se concilie bien avec l’approche du placement de M. Hatcher. Sélectionnant essentiellement ses fonds dans une perspective à long terme, il cible les sociétés de premier plan sur les marchés qu’elles desservent, qui ont des avantages concurrentiels durables et qui évoluent dans un secteur où il y a des barrières élevées à l’entrée. Les sociétés doivent produire un rendement élevé du capital investi et des flux de trésorerie solides.
« Les brasseurs et producteurs mondiaux de spiritueux offrent ces caractéristiques-là, dit-il. Il y a un petit nombre de gros intervenants dans ce type d’activité et des barrières élevées à l’entrée. »
En plus de ces sociétés de biens de consommation courante, un autre terrain de chasse pullulant de sociétés dotées des vertus qu’il recherche est la technologie, dit M. Hatcher. Un créneau dans lequel il a investi est celui des logiciels d’entreprise qui permettent aux sociétés de gérer leur opération tout entière. « Cette industrie est une duopole. »
Gestionnaire axé sur la valeur, M. Hatcher a pour approche d’identifier d’abord les sociétés qui ont les caractéristiques qu’il recherche, « quelle que soit la valeur ». Il calcule ensuite la valeur intrinsèque de ces sociétés et la compare à leur évaluation boursière. « J’ai une liste de surveillance de sociétés attrayantes et j’envisagerai d’y investir lorsque leur prix boursier le justifiera. »
À l’heure actuelle, dit M. Hatcher, il est difficile de justifier l’achat de nouveaux noms car les évaluations boursières sont telles qu’elles n’offrent pas une marge de sécurité suffisante, qu’il définit comme des actions se négocient à un rabais d’environ 30 % de leur valeur intrinsèque estimée. « Mon approche consiste à conserver les noms existants, et si certains d’entre eux baissent de valeur, en acheter juste un peu plus. »
Dans le tableau global, M. Hatcher note qu’à ce jour l’engagement de la Russie en Ukraine n’a pas fait dérailler les évaluations boursières mondiales. Si le conflit dans cette région connaît une escalade, dit-il, il se peut fort bien que cela se répercute sur les marchés boursiers du monde entier. « Cela pourrait bien représenter une occasion d’achat, car les sociétés que nous ciblons ont peu d’enjeux dans cette région. »
À Placements Trimark, une division de la société torontoise Invesco Canada, les responsabilités de M. Hatcher comprennent le Fonds Europlus Trimark (331 M$ d’actifs et 28 noms à la fin mars), le Fonds mondial d’analyse fondamentale Trimark (1,4 G$ d’actifs et 70 noms) et le produit-phare de la société : le Fonds Trimark (3,4 G$ d’actifs et 38 noms).
Les produits de consommation courante et les technologies de l’information comptent parmi les plus gros secteurs de ces trois fonds. Il y aussi certains noms qui sont communs à tous les trois.
Un exemple dans le secteur des produits de consommation courante est la grande société londonienne de boissons de luxe Diageo PLC, qui a un certificat américain d’action étrangère se négociant à New York sous le symbole DEO . « J’étoffe modestement cette action à mesure que son prix baisse, mais elle n’est pas bon marché. »
Les marques de Diageo comprennent Johnnie Walker, le plus gros vendeur de boissons alcoolisées au monde en valeur et le deuxième en volume, et Smirnoff, le premier en volume et le deuxième en valeur. « Le whisky contribue de façon essentielle aux profits d’exploitation de Diageo; ses autres marques de whisky comprennent Crown Royal et J&B. » Les autres marques de boissons alcoolisées bien connues sont Baileys dans les liqueurs, Captain Morgan dans le rhum et Guinness dans la bière.
« Quelque 40 % des ventes de Diageo se font dans les économies émergentes, et ses produits sont un exemple de biens de consommation considérés comme un luxe abordable dans ces marchés », dit M. Hatcher. L’action se négocie à 17 fois ses projections de bénéfices par action.
Un avoir que M. Hatcher détient depuis longtemps, et qui est aussi un intervenant majeur dans l’industrie mondiale des boissons est la société néerlandaise Heineken Holding. Cette action figure dans le Fonds mondial d’analyse fondamentale Trimark et dans le Fonds Europlus Trimark.
« Heineken est l’une des quatre plus importantes brasseries mondiales dans un marché extrêmement concurrentiel, dit M. Hatcher. Ce n’est pas un secteur à croissance élevée, mais les sociétés y sont génératrices de flux de trésorerie élevés. »
Le produit phare de Heineken Holdings, la bière Heineken, « est la bière de qualité supérieure la plus populaire au monde, et elle a un bon profil de croissance », dit-il. Dans le cadre de sa stratégie de marketing et de distribution, « la société a aussi des marques locales et régionales à la fois en Europe et dans les marchés émergents ». Ces derniers représentent quelque 45 % des ventes de la société, dit M. Hatcher. L’action se négocie à 14 fois ses bénéfices par action estimés pour 2015.
Un ajout à ces trois fonds dans les deux dernières années a été la brasserie mondiale d’origine belge Anheuser-Busch InBev, qui a un certificat d’actions étrangères qui se négocie à New York sous le symbole BUD . Les marques mondiales de cette société comprennent Budweiser, Corona et Stella Artois.
« Cette société a une part de marché dominante aux États-Unis et au Brésil, sans compter sa présence mondiale. » Quelque 50 % de ses revenus proviennent des économies émergentes, dit M. Hatcher. L’action se négocie à 18 fois ses estimations de bénéfice par action (BPA) pour 2015.
Dans le domaine technologique, il y a deux grandes sociétés de logiciels d’entreprise qui dominent cet espace, dit M. Hatcher : la compagnie allemande SAP, qui a un certificat d’actions étrangères et se négocie à New York sous le symbole SAP , et la compagnie américaine Oracle Corp. SAP figure dans les trois fonds, alors qu’Oracle n’est présente que dans le Fonds Trimark et le Fonds mondial d’analyse fondamentale Trimark.
« SAP est une mise pure sur ce type de logiciel d’entreprise, dit M. Hatcher. L’épine dorsale de ce domaine d’activités est le contrat d’entretien qui découle de l’adoption du logiciel. « Ces contrats fournissent une stabilité, une croissance et une prévisibilité des flux de trésorerie et des revenus, dit-il. C’est presque comme une rente. » Le secteur présente un aspect cyclique pour ce qui est des nouvelles ventes du logiciel, « mais ce sont les contrats d’entretien qui en sont le moteur ». L’action se négocie à 15 fois ses estimations de BPA pour 2015.
« Oracle est en concurrence très proche avec SAP dans ce créneau, dit M. Hatcher, mais la société américaine a aussi du matériel informatique à offrir, et ce n’est donc pas une mise pure sur les logiciels d’entreprise. » L’action se négocie à 12,5 fois ses estimations de bénéfices pour 2015.
Quant aux ventes récentes de titres des trois portefeuilles, M. Hatcher dit qu’il y a eu très peu de mouvement. Une élimination du Fonds Europlus Trimark a été l’important fabricant de machines d’affranchissement Neopost. D’origine française, Neopost est une compagnie mondiale qui a une forte présence sur le marché, dit-il. « J’étais inquiet de l’évaluation de l’action et, fondamentalement, l’industrie du postage est en déclin structurel. »
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