Avec des déficits attendus jusqu’en 2027-2028 en raison des séquelles de la pandémie de COVID-19, la dette de la province grimpera considérablement au cours des prochaines années.
Estimée à environ 219 milliards de dollars (G$) dans le budget déposé jeudi, la dette brute, qui correspond à la somme de la dette directe et du passif net des régimes de retraite, mais à laquelle on soustrait le Fonds des générations, atteindra près de 258,5 G$ en 2026.
Toutefois, en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), la trajectoire sera différente, passant de 49,5 % à l’heure actuelle à 47 % dans cinq ans.
« On voit qu’avec ce que l’on a dans le cadre financier, elle (la proportion en fonction du PIB) recommence à décliner, ce qui est très important », a expliqué le grand argentier du gouvernement Legault, en conférence de presse pour présenter son budget.
La récente poussée de la dette est attribuable à une forte augmentation des dépenses liées à la crise sanitaire alors que les revenus de l’État n’ont pas été au rendez-vous puisque l’économie s’est contractée.
Dans le budget, le gouvernement Legault fait valoir que le poids de la dette brute diminuera graduellement au cours des prochaines années en vertu d’une amélioration de la situation financière de la province ainsi que le maintien des versements au Fonds des générations.
L’an dernier, le PIB nominal s’est contracté de 4 %, selon les données du budget. Des augmentations respectives de 6 % et 5,8 % sont attendues au cours des deux prochaines années, des prévisions différentes par rapport au secteur privé. Par exemple, le Mouvement Desjardins table sur une hausse de 8,4 % du PIB nominal cette année et de 5 % l’an prochain.
Au cours des dernières semaines et des derniers mois, plusieurs observateurs ont suggéré à Québec de réduire ou suspendre les versements dans l’outil visant à réduire l’endettement de la province pour investir dans la relance. Le gouvernement Legault a toutefois décidé d’opter pour le statu quo à ce chapitre. Ainsi, pour le prochain exercice, c’est 3,1 G$ qui seront consacrés au Fonds des générations.
« La dette du Québec est élevée, a souligné Eric Girard. Il est important de contrôler l’équité intergénérationnelle. Le Fonds permet de réduire la dette et offre une capacité d’agir à long terme. »
Avec une reprise économique attendue et un contexte de taux d’intérêt qui demeurent faibles, la part des revenus consacrée par Québec au service de la dette demeurera « historiquement faible », fait valoir le budget.
La proportion, estimée à 6,4 % en 2020-2021, devrait atteindre 7,1 % dans deux ans pour progressivement décliner à 6,7 %. Cela demeure loin du niveau d’environ 11 % observé au moment de la dernière crise financière, en 2008.