Les actions ont connu une reprise impressionnante après le choc survenu en début de pandémie l’an dernier, et les marchés continuent d’enregistrer des niveaux records. L’indice S&P 500 et le composite S&P/TSX ont tous deux enregistré un rendement d’environ 12 % depuis le début de l’année. Toutefois, les investisseurs devront modérer leurs attentes pour l’avenir, a affirmé Éric Morin, analyste principal chez CIBC Asset Management, lors d’une récente interview.
« Les importants rendements que nous avons connus en 2020 – et au cours des derniers mois également – ont été motivés par des facteurs transitoires », a-t-il soutenu.
Ces facteurs comprennent l’arrivée de vaccins efficaces contre la COVID-19 ainsi qu’un soutien fiscal continu, qui ont tous deux entraîné « des rendements plus importants auxquels nous ne devrions pas nous attendre cette année », a résumé Éric Morin.
En outre, « la valorisation des actions n’est plus bon marché », ce qui pèsera également sur les rendements, a-t-il ajouté.
Bien que les investisseurs doivent s’attendre à des rendements plus modestes pour les prochaines années, certaines forces macroéconomiques resteront un important soutien cyclique pour les actions.
Par exemple, la reprise n’en étant qu’à ses débuts dans de nombreuses régions, l’économie est loin d’être en surchauffe, a assuré Éric Morin. De plus, d’après lui, « la politique fiscale restera favorable à la croissance, soutenue par les actions des banques centrales et une tendance inflationniste faible ».
En fait, Éric Morin prévoit que la tendance inflationniste, qui exclut les facteurs volatils et idiosyncratiques, sera faible au cours de la prochaine décennie.
Bien que l’inflation soit susceptible d’augmenter à court terme, elle sera le résultat de facteurs transitoires, tels qu’une forte demande et de faibles réserves – une situation illustrée par la pénurie de semi-conducteurs – et des prix du pétrole plus élevés.
Sa prévision d’une inflation faible est soutenue par diverses tendances.
« Le coût relatif du capital par rapport au travail a continué de baisser depuis 2015, a noté Éric Morin. Il est donc de moins en moins coûteux d’investir dans le capital en comparaison [d’] embaucher des gens. » Le fait de moins embaucher permet de maintenir un couvercle sur les salaires et la demande des consommateurs.
Et « il devient davantage possible de remplacer les travailleurs par des machines, ce qui a fait augmenter l’élasticité de substitution au fil du temps », a-t-il ajouté.
En outre, la relation entre la demande excédentaire et l’inflation a également diminué, a déclaré Éric Morin, faisant référence à l’aplatissement de la courbe de Phillips au cours des dernières décennies, les banques centrales ayant activement ciblé l’inflation.
Comme le lien entre la production économique et l’inflation n’est plus aussi fort, « dans le cas où l’économie finirait par surchauffer, nous devrions nous attendre à moins de pression inflationniste », a-t-il expliqué.
De nombreuses économies développées ont également des populations vieillissantes, ce qui est associé à une inflation plus faible.
Comme la tendance à l’inflation devrait demeurer faible, « les banques centrales seront à l’aise pour maintenir des taux d’intérêt bas à long terme, a-t-il analysé. Et cela soutiendra une orientation de la politique budgétaire qui restera favorable à la croissance, et fournira un vent arrière pour les actions. »
Selon ses prévisions de rendement, la plupart des catégories d’actions devraient dégager au moins 5 % de croissance en moyenne au cours des dix prochaines années. Par région, l’Asie émergente et l’Europe émergente produiront des rendements moyens d’environ 9 %, estime-t-il, et le Canada et l’Europe, d’environ 6 à 7 %.
Ses prévisions de rendement pour les actions américaines sont plus modestes, à moins de 5 %, en raison des valorisations élevées.
Les investisseurs en actions doivent s’attendre à une plus grande volatilité et à une hétérogénéité régionale en matière de rendement. « La réouverture mondiale ne suivra pas un chemin linéaire », a commenté Éric Morin.
Le FMI a récemment revu à la hausse ses chiffres de PIB pour des pays comme les États-Unis et la Chine, cette dernière ayant enregistré une croissance annualisée de plus de 18 % au premier trimestre.
« Mais aussi impressionnantes que soient ces statistiques, de nombreux autres pays se redressent à un rythme beaucoup plus lent, a reconnu Kevin McCreadie, PDG et directeur des investissements de la Société de Gestion AGF, dans un récent billet de blogue. Il est important que les investisseurs ne s’avancent pas trop en pensant que des taux de croissance de cette ampleur sont, de droit, durables. »
Les autres facteurs susceptibles de peser sur les rendements sont le potentiel de volatilité de l’inflation à court terme et la remise en question de la politique budgétaire, a soutenu Éric Morin.
Face à un environnement plus difficile pour les rendements, les investisseurs ne devraient pas ignorer un principe d’investissement fondamental.
« Il sera important pour les investisseurs d’avoir une bonne diversification dans leur portefeuille, tant sur le plan géographique que sur le plan sectoriel », a conclu Éric Morin.
Cet article fait partie du programme AdvisorToGo, propulsé par la CIBC. Il a été rédigé sans l’apport du commanditaire.