Une remontée de l’inflation durable ou temporaire ?
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Ce rebond, attribuable principalement à l’augmentation des prix du pétrole, ne témoigne toutefois pas d’une tendance générale solide, selon les économistes du Mouvement Desjardins.

« Il suffit souvent d’analyser d’autres mesures de l’inflation pour s’apercevoir que les pressions inflationnistes demeurent faibles par endroits. Par ailleurs, les principaux pays avancés ne sont pas tous au même point dans leur cycle économique et dans la résorption de leurs capacités excédentaires de production », expliquent-ils.

La reprise à la hausse des cours du baril, après avoir chuté continuellement depuis 2014 pour atteindre 30 $US il y a un an, est à l’origine d’une accélération de l’inflation aux États-Unis et au sein de la zone euro. En janvier, l’inflation mensuelle aux États-Unis a bondi de 0,6 % pour afficher sa plus forte hausse en 4 ans. Sur un an, l’indice des prix à la consommation a progressé de 2,5 %, largement au-dessus de l’objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale (Fed).

Or, même si l’inflation apparaît plus durable aux États-Unis, elle ne devrait pas demeurer à plus de 2,5 % très longtemps, estime Desjardins. « Une mesure plus stable de l’inflation, qui exclut les prix de l’énergie et des aliments, montre tout de même la présence d’une bonne tendance de fond en matière de croissance des prix, à un peu plus de 2,0 % depuis 2016 », notent les économistes de Desjardins qui prévoient la poursuite du resserrement monétaire américain et l’appréciation du dollar.

En Europe, la hausse des prix sur un an a atteint le chiffre symbolique des 2 % en février, une première depuis 2013. La politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) visait d’ailleurs à atteindre un niveau d’inflation proche mais inférieur à 2 %. La BCE vient d’ailleurs de relever ses prévisions d’inflation et de croissance. Elle anticipe une hausse des prix à la consommation de 1,7 % en 2017, de 1,6 % en 2018 et de 1,7 % en 2019.

Encore là, la hausse du prix du pétrole gonfle les prix sans être une conséquence d’une amélioration de l’activité économique. « Avec une croissance économique prévue de 1,6 % pour la zone euro en 2017, l’écart avec le PIB potentiel demeurera important », notent les économistes de Desjardins, précisant qu’il faudra vraisemblablement attendre à tard en 2018 avant d’observer un réel resserrement monétaire en zone euro.

Au Canada, l’inflation totale a bondi à plus de 2,0 % en janvier, mais les mesures tendancielles de l’inflation se situent légèrement sous ce niveau et avaient une trajectoire descendante au cours des derniers mois de 2016. Or, les pressions inflationnistes resteront limitées jusqu’à la mi-2018, estime Desjardins.